Lundi 25 août, la capitale sénégalaise vivra un télescopage inédit : à 9 h, la Cour suprême examine la requête de Barthélémy Dias pour faire annuler la séance du conseil municipal ; à 10 h, les conseillers doivent élire un nouveau maire. En soixante minutes, Dakar joue son exécutif.
Les enjeux de droit : forme, fond et collision des calendriers
- 25 août, 9 h : la Cour suprême peut suspendre la séance (référé/annulation de la convocation) ou laisser le vote se tenir.
- 25 août, 10 h : si l’élection a lieu, un nouveau maire est désigné par le conseil.
- 18 septembre : si la justice réinstalle Dias, Dakar se retrouve avec un maire élu au suffrage direct (Dias) et un autre au suffrage indirect (conseil). Juridiquement, la primauté du suffrage direct est un argument fort dans le discours de ses soutiens, mais l’exécution administrative d’une décision reste un autre terrain, potentiellement conflictuel.
Conclusion provisoire : l’État a pris l’initiative du calendrier, l’opposant joue le verrou judiciaire pour reprendre la main.
Lecture politique : leadership, loyautés et test pour l’opposition
- Dias cherche à repolitiser un dossier devenu procédural, et à prouver qu’il reste l’animateur de la ville.
- Khalifa Sall est l’arbitre implicite : un signal clair en faveur d’un nom (Mbengue ou autre) peut éviter la dispersion.
- Le pouvoir n’a pas la majorité arithmétique mais peut capitaliser sur une opposition fragmentée.
- Taxawu et ex-Yewwi jouent leur crédibilité : incapables de s’entendre, ils offriraient à la majorité un gain politique sans base démographique.
Quatre scénarios concrets
- Suspension par la Cour (25 août, 9 h)
La séance est reportée ; statu quo jusqu’au 18 septembre. Dias gagne du temps politique. - Vote maintenu, opposition unie
Candidature unique (ex. Mbengue) → victoire probable. Dias sauve l’essentiel : l’orientation politique de la ville. - Vote maintenu, opposition éclatée
Plusieurs candidats « amis » → dispersion → fenêtre pour la mouvance présidentielle. - Élection d’un nouveau maire puis réintégration de Dias (18 sept.)
Conflit d’exécution : bras de fer administratif, risque de dualité de fait. Issue politique plus que strictement juridique.
Ce qu’on surveille d’ici lundi 25 août
- Décision de la Cour suprême à 9 h (suspension ou non).
- Signal de Khalifa Sall : adoubement, neutralité, recomposition.
- Ralliements de dernière minute autour d’un nom unique.
- Capacité du pouvoir à agréger des voix hors bloc.
- Position de Dias : recours pur ou choix d’un candidat pour verrouiller la mairie.
Dakar se joue autant au tribunal qu’au conseil. La stratégie de l’État consiste à avancer coûte que coûte ; celle de Barthélémy Dias à ralentir pour mieux reprendre. Si l’opposition parle d’une seule voix, elle garde la main. Si elle s’éparpille, la majorité numériquement minoritaire peut gagner politiquement. Le 25 août dira si la ville reste dans la trajectoire de 2022 ou bascule sur une coalition de circonstance.
Paul Lamier Grandes Lignes












