Dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 avril, Goma a été le théâtre d’une nouvelle flambée de violence. Tirs nourris, bombardements et affrontements ont secoué plusieurs quartiers de la ville, notamment Keshero et Lac-Vert, réveillant les souvenirs traumatisants de la chute de Goma aux mains de la rébellion du M23.
Les combats, d’une rare intensité, ont opposé les éléments du mouvement rebelle AFC/M23 qui occupe illégalement la ville depuis janvier, à une coalition formée de militaires des FARDC, des miliciens Wazalendo, et selon les rebelles, des éléments du FDLR. Ces derniers auraient tenté, selon un communiqué de l’administration militaire du M23 à Goma, d’attaquer leurs positions dans la nuit. La riposte a plongé les habitants dans la panique.
« Ces coups de feu nous ramènent à l’époque de la chute de la ville. Mais ce que nous craignons le plus aujourd’hui, c’est de voir les milices Wazalendo provoquer un carnage sans réelle stratégie pour libérer Goma. Le gouvernement doit les arrêter avant que l’irréparable ne se produise », s’inquiète un habitant du quartier Keshero, sous couvert d’anonymat.
Le calme semblait revenu au petit matin, mais l’inquiétude, elle, reste vive. Aucun bilan officiel n’a été communiqué, mais les tensions demeurent palpables. Depuis la prise de Goma par l’AFC/M23, soutenu militairement par le Rwanda selon Kinshasa, les cas de violations graves des droits humains se sont multipliés : exécutions extrajudiciaires, pillages, enlèvements, actes de justice populaire…
La stratégie de reconquête de Goma s’annonce complexe. Pour l’heure, les confrontations sporadiques entre les forces loyalistes et les miliciens rebelles, sans véritable coordination, semblent surtout aggraver la vulnérabilité des civils, pris entre deux feux.
Le spectre d’un affrontement généralisé au cœur de Goma hante désormais les esprits. Et si rien n’est fait pour contenir cette spirale, la ville pourrait replonger dans le chaos, avec des conséquences humanitaires désastreuses.