Ce lundi, le Premier ministre Ousmane Sonko se présente devant l’Assemblée nationale pour la seconde session des questions au gouvernement. Un exercice républicain important, qui s’inscrit dans le cadre de la reddition des comptes et du dialogue entre l’exécutif et le législatif. Mais l’ambiance ne s’annonce pas des plus consensuelles.
Une partie de l’opposition parlementaire a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne participera pas à la séance. Elle dénonce ce qu’elle qualifie de « violations répétées et délibérées du Règlement intérieur de l’Assemblée », imputées à la majorité, sous la houlette d’un président de l’institution accusé d’agir davantage en chef de file du groupe parlementaire de Pastef qu’en arbitre institutionnel.
À cela s’ajoute un autre grief, plus politique : selon cette opposition, les interventions du Premier ministre dans l’hémicycle se transforment moins en échanges d’idées qu’en affrontements personnalisés, où les passes d’armes verbales prennent parfois le pas sur le fond.
Le ton est donc donné. Mais peut-on espérer une sortie de crise ? Le Premier ministre et son ministre chargé des Relations avec les institutions, Malick Ndiaye, adopteront-ils une posture plus conciliante pour ramener les contestataires dans l’hémicycle ? Ou l’Assemblée sera-t-elle à moitié vide, au risque de priver les citoyens de questions essentielles, dans un contexte où les attentes sociales sont fortes ?
Il faut rappeler que Sonko n’en est pas à sa première confrontation avec des opposants sur les bancs parlementaires. Lorsqu’il siégeait en tant que député non-inscrit durant la 13e législature, il avait lui-même expérimenté l’isolement. Aujourd’hui, c’est en chef du gouvernement qu’il s’adresse à ses anciens collègues. Et la posture change : désormais, il ne s’agit plus d’interpeller, mais de convaincre. Plus encore, il s’agit d’incarner l’esprit républicain et de faire vivre le débat démocratique.
L’ironie de la situation, c’est que l’opposition dispose, dans cet exercice, de deux précieuses questions sur dix. Un droit qu’elle pourrait abandonner si elle choisissait de ne pas siéger. Un gâchis démocratique, diront certains, surtout dans un contexte où de nombreux Sénégalais attendent des réponses concrètes sur les grandes orientations du nouveau gouvernement.
L’espoir reste néanmoins permis. Les députés de l’opposition ont posé leurs conditions : un respect strict des règles du jeu, et une attitude équitable du Premier ministre vis-à-vis de tous les parlementaires, y compris ceux de sa propre majorité.