Deux ans jour pour jour après le déclenchement de la guerre civile au Soudan, un nouveau tournant vient d’être franchi : les Forces de soutien rapide (FSR), emmenées par le général Mohamed Hamdane Daglo, ont proclamé la création d’un gouvernement rival, défiant ouvertement l’autorité de l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane.
Une déclaration provocatrice
Depuis son canal Telegram, le général Daglo a affirmé mettre en place un « gouvernement de paix et d’unité », accompagné d’une nouvelle monnaie et d’une nouvelle carte d’identité nationale. Une initiative qui sonne comme une rupture totale avec l’État central, et un pas de plus vers la partition de facto du pays, malgré les appels de la communauté internationale à préserver l’unité du Soudan.
Une capitale reprise, un Darfour en feu
Cette annonce intervient alors que l’armée a récemment repris le contrôle de Khartoum, la capitale, après en avoir été chassée au début de la guerre. Une reconquête saluée comme une « libération » par de nombreux civils épuisés par près de deux ans de pillages, de violences sexuelles et de crimes de guerre perpétrés par les FSR.
En réponse, les paramilitaires intensifient leurs offensives dans la région du Darfour, où ils cherchent à s’emparer d’El-Facher, dernier bastion qui leur échappe. Dimanche, ils ont revendiqué la prise du camp de déplacés de Zamzam, peuplé de plus de 500.000 civils. Le bilan humain est effroyable : plus de 400 morts, selon l’ONU, et près de 400.000 personnes contraintes à la fuite, souvent à pied, sans assistance.
Un pays à l’agonie
La guerre a déjà fait plus de 150.000 morts selon certaines estimations, et 25 millions de Soudanais souffrent aujourd’hui d’insécurité alimentaire sévère, dont 8 millions sont au bord de la famine. Le système de santé est en ruines, les livraisons d’aide humanitaire entravées, les violations des droits humains généralisées.
Une réponse internationale en demi-teinte
Réunis à Londres mardi, quinze pays et plusieurs organisations internationales ont réitéré leurs appels à un cessez-le-feu immédiat, dénoncé toute velléité de partition, et promis plus de 800 millions d’euros d’aide humanitaire. L’ONU, via Antonio Guterres, exige l’arrêt immédiat du flux d’armes vers les belligérants, tandis que le G7 appelle les puissances étrangères à cesser de nourrir le conflit. Une allusion directe aux Emirats arabes unis, accusés par l’armée soudanaise de soutenir les FSR, ce que les intéressés démentent.
Une paix plus lointaine que jamais ?
Alors que les paramilitaires affirment bâtir un « nouveau Soudan », et que l’armée se réinstalle dans la capitale, la perspective d’un règlement politique paraît plus éloignée que jamais. La communauté internationale redoute désormais la fragmentation irréversible du pays, sur fond de guerre d’influence régionale et de crise humanitaire massive. Une crise que plus personne ne pourra continuer à ignorer.