Le Togo vient d’entrer dans une nouvelle ère politique. Jean-Lucien Savi de Tové a été élu Président de la République par le Parlement réuni en Congrès, dans le cadre de la Ve République récemment instaurée. Sa désignation, proposée par le parti au pouvoir, Union pour la République (Unir), a été adoptée à l’unanimité : 150 voix favorables pour un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois.
Cette élection marque le retour sur le devant de la scène d’un visage historique de l’opposition togolaise. Âgé de 85 ans, Jean-Lucien Savi de Tové, ancien ministre et docteur en sciences politiques formé à la Sorbonne, a traversé les régimes tout en gardant le cap sur le dialogue, la modération et l’éthique républicaine. Il fut notamment emprisonné pour ses positions politiques en 1979 et a pris une part active à la Conférence nationale souveraine de 1991. Ces dernières années, il s’était retiré de la vie politique active, mais conservait une autorité morale forte dans les milieux intellectuels et citoyens.
Sa désignation intervient dans un contexte institutionnel profondément remanié. Quelques heures plus tôt, l’ancien président Faure Essozimna Gnassingbé a été nommé Président du Conseil, désormais véritable détenteur du pouvoir exécutif selon la nouvelle Constitution.
Si le rôle de Jean-Lucien Savi de Tové est avant tout symbolique, il n’en reste pas moins stratégique : il portera la parole de la République, incarnera l’unité nationale et pourrait jouer un rôle de recours dans les moments clés. Ce choix, à la fois consensuel et historique, témoigne d’une volonté d’équilibre, dans une transition politique que le pays veut maîtrisée et apaisée.
Paul Lamier Grandes Lignes