13 Août 2025, mer

Singapour vote pour le même parti depuis 1965. Pourquoi ?

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À Singapour, les élections ont une saveur particulière : elles ressemblent à un scrutin, mais rarement à une surprise. Une fois encore, le People’s Action Party (PAP), au pouvoir depuis l’indépendance en 1965, a remporté les élections, consolidant son emprise sur la cité-État. Une victoire qui interroge moins sur le résultat que sur les raisons de sa permanence. Entre efficacité technocratique, gestion rigoureuse et contrôle serré de l’espace public, le PAP continue d’incarner un modèle politique unique, à la fois envié, critiqué et redoutablement stable.

À Singapour, les élections ont une saveur particulière : elles ressemblent à un scrutin, mais rarement à une surprise. Une fois encore, le People’s Action Party (PAP), au pouvoir depuis l’indépendance en 1965, a remporté les élections, consolidant son emprise sur la cité-État. Une victoire qui interroge moins sur le résultat que sur les raisons de sa permanence. Entre efficacité technocratique, gestion rigoureuse et contrôle serré de l’espace public, le PAP continue d’incarner un modèle politique unique, à la fois envié, critiqué et redoutablement stable.

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Le Premier ministre singapourien Lawrence Wong, du Parti d’action populaire (PAP), célèbre les résultats des élections générales à Singapour, le 3 mai 2025, au centre de rassemblement du parti.

Une victoire sans suspense, mais pas sans calcul

Le PAP a obtenu une nouvelle majorité confortable au Parlement, confirmant une fois de plus son ancrage dans la vie politique singapourienne. Mais derrière la façade d’un succès répété, se cache une machine politique finement huilée, adaptée à un système où le multipartisme existe en théorie, mais reste cantonné à un rôle marginal.

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La force du PAP repose sur trois piliers : une image d’efficacité économique incontestée, une élite politique formée avec rigueur, et une gestion étroite du débat public. Le gouvernement met en avant un taux de croissance solide, une criminalité quasi inexistante, un système éducatif performant et une stabilité sociale remarquable. Autant d’éléments qui parlent à une population largement préoccupée par la sécurité, l’emploi et l’ordre.

Une opposition sous contrôle

Si le système singapourien autorise des partis d’opposition, ceux-ci restent faibles, fragmentés et encadrés par un environnement juridique et médiatique peu favorable. Les opposants qui s’aventurent sur le terrain de la contestation frontale s’exposent à des poursuites pour diffamation ou à des restrictions administratives. Cela ne signifie pas qu’il n’existe aucun débat à Singapour mais il reste cantonné à des espaces contrôlés, balisés, souvent techniques, rarement politiques au sens partisan.

Le Workers’ Party, principal mouvement d’opposition, a tenté de s’imposer comme une voix alternative modérée, mais peine à élargir sa base au-delà de quelques circonscriptions urbaines. Son rôle est souvent vu comme un “correctif” plutôt qu’une réelle alternative de pouvoir.

La succession, gérée comme une transition d’entreprise

L’autre élément de stabilité tient à la manière dont le PAP orchestre la transition générationnelle en interne. Après des décennies de domination par la famille Lee, le pouvoir prépare activement la relève de Lee Hsien Loong, Premier ministre depuis 2004 et fils du fondateur de la nation, Lee Kuan Yew. Le successeur désigné, Lawrence Wong, incarne cette nouvelle génération de dirigeants formés dans l’esprit du PAP : discrets, compétents, loyaux au parti plus qu’au peuple.

Cette transmission est moins une révolution qu’une gestion de patrimoine politique. Le processus est codifié, structuré, sans tumulte ce qui, à Singapour, est en soi une vertu. La population, en majorité pragmatique, y voit un gage de continuité rassurante.

Une adhésion citoyenne plus pratique que militante

Ce qui frappe à Singapour, ce n’est pas l’enthousiasme électoral, mais l’adhésion fonctionnelle. Les électeurs votent pour ce qui fonctionne, et tant que le PAP assure une qualité de vie élevée, une gouvernance propre et un ordre public strict, la tentation du changement reste marginale.

L’absence de crise aiguë, la maîtrise des dossiers internationaux et une culture politique fondée sur la performance plus que sur l’idéologie rendent toute alternance improbable à court terme.

À l’heure où de nombreuses démocraties sont secouées par la défiance, l’instabilité ou les populismes, Singapour offre une anomalie : celle d’un régime semi-autoritaire, assumé, discipliné et redoutablement fonctionnel. La victoire du PAP n’est donc pas qu’un résultat électoral : c’est l’expression d’un modèle politique où l’ordre prime sur le débat, et où la performance supplante le pluralisme.

Un choix assumé par une grande partie de la population, même si les marges de contestation, elles, restent étroites. Le PAP gagne encore, car il ne laisse rien au hasard. Ni la politique, ni le discours, ni l’avenir.

Paul Lamier Grandes Lignes

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