Une réunion de paix entre la Russie et l’Ukraine, accueillie par la Turquie, aurait pu être une étape historique vers la fin du conflit. Pourtant, un absent de taille éclipse déjà ces pourparlers : Vladimir Poutine. Alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky pourrait se rendre à Istanbul, son homologue russe a choisi de rester à l’écart. Officiellement, le Kremlin a désigné une délégation dirigée par Vladimir Medinsky, un conseiller de ligne dure, pour représenter Moscou. Une décision qui, selon les observateurs, témoigne d’une prudence calculée de la part de Poutine.
Un rendez-vous sans les deux principaux acteurs ?
L’absence de Vladimir Poutine et l’incertitude sur la venue de Volodymyr Zelensky laissent planer un doute sur la portée réelle de cette rencontre. Ce n’est pas la première fois que des négociations de paix sont programmées depuis l’invasion russe de 2022, mais les dirigeants eux-mêmes ont rarement été en première ligne. Le Kremlin a confirmé que la délégation russe comprendrait également le vice-ministre de la Défense Alexander Fomin, ainsi que d’autres hauts responsables militaires et du renseignement.
De son côté, Volodymyr Zelensky a exprimé ses réserves, soulignant qu’il “attendait de voir qui viendrait de Russie” avant de décider de sa propre participation. L’Ukraine exige des garanties de sécurité des États-Unis et de ses alliés européens avant de s’engager pleinement dans ces discussions.
Trump, le médiateur hésitant
Fait notable, l’ancien président américain Donald Trump a exprimé son souhait de se joindre à cette rencontre. En tournée au Moyen-Orient, Trump a déclaré aux journalistes qu’il envisageait de se rendre en Turquie, avant de finalement confirmer sa visite aux Émirats arabes unis. Cependant, ses envoyés spéciaux, Steven Witkoff et Keith Kellogg, ainsi que le secrétaire d’État Marco Rubio, devraient y assister.
Donald Trump, qui a repris la Maison-Blanche, tente de jouer les médiateurs dans le conflit. Il a plusieurs fois exprimé son désir de voir les hostilités cesser, affirmant que son administration avait déjà contribué à éviter une guerre nucléaire entre l’Inde et le Pakistan. Son équipe a déjà proposé un cessez-le-feu temporaire entre la Russie et l’Ukraine, notamment en mer Noire et sur les installations énergétiques, mais les résultats ont été limités.
Poutine : éviter l’image de la faiblesse
L’absence de Poutine à Istanbul pourrait être interprétée comme une stratégie pour éviter l’image d’un dirigeant forcé de négocier sous la pression internationale. Pour le Kremlin, l’envoyer en personne aurait pu être perçu comme un aveu de faiblesse ou une reconnaissance des difficultés militaires russes.
La Russie a affirmé être en position de force sur le champ de bataille, malgré les pertes importantes. Selon les renseignements américains, Moscou aurait perdu des centaines de milliers de soldats, alors que l’Ukraine, bien que moins touchée, recule progressivement sur certains fronts.
Les enjeux d’un accord incertain
L’éventuelle rencontre turque intervient alors que l’Ukraine, soutenue par ses alliés occidentaux, réclame des garanties de sécurité concrètes. Les États-Unis ont récemment signé un accord économique avec Kiev, lui offrant une part des revenus de ses réserves de terres rares. Mais Washington n’a pas encore promis de garanties militaires à long terme.
Sur le terrain, la Russie a continué de frapper les infrastructures énergétiques ukrainiennes, malgré les cessez-le-feu ponctuels. En avril, Poutine a proclamé une “trêve de Pâques”, qui s’est rapidement effondrée, Kiev accusant Moscou d’avoir rompu ses engagements.
L’Europe et les États-Unis continuent de faire pression sur la Russie pour accepter un cessez-le-feu de 30 jours, sous peine de nouvelles sanctions. Les pays européens ont fixé une échéance à Moscou pour accepter cette trêve, tandis que Zelensky a appelé à des sanctions “les plus fortes” si la Russie refuse de négocier sérieusement.
Dans ce contexte tendu, la question centrale reste de savoir si ces pourparlers en Turquie mèneront à un véritable cessez-le-feu ou s’ils se résumeront à une nouvelle tentative diplomatique vouée à l’échec.
Paul Lamier Grandes Lignes