À 92 ans, Paul Biya amorce un virage inédit : celui des réseaux sociaux. Depuis avril 2025, le président camerounais, connu pour sa discrétion médiatique, investit activement les plateformes numériques, notamment X (ex-Twitter) et Facebook. Une stratégie inhabituelle à quelques mois de l’élection présidentielle prévue en octobre, et qui marque un virage dans sa communication.
Chaque jour, des messages sont diffusés en français et en anglais, évoquant les thèmes de l’unité nationale, de la stabilité et de la paix. Un discours calibré pour rassurer et mobiliser, notamment dans un contexte de tensions persistantes dans les régions anglophones et de montée des discours de haine en ligne.
En communication politique, cette stratégie numérique aurait pour objectif de suggérer, sans déclaration formelle, que Paul Biya demeure un acteur central de la scène politique. Les réseaux sociaux offriraient ainsi un canal direct pour capter l’attention d’une jeunesse de plus en plus connectée, permettant au président de rester visible et actif dans l’espace public sans officialiser sa candidature.
Mais les critiques ne manquent pas. Certains y voient une tentative tardive de maquiller une longévité politique, dans un pays où le taux d’engagement sur X reste faible (environ 200 000 comptes actifs). Malgré les 13,7 millions d’internautes recensés en 2024, la portée réelle de cette stratégie reste incertaine.
Pour autant, cette dynamique numérique témoigne d’un effort d’adaptation. Elle intervient alors que le président est régulièrement interpellé sur son silence prolongé et son manque de visibilité publique. Son équipe semble désormais miser sur une présence digitale plus constante, pour maintenir une influence dans un paysage politique en recomposition.
Le pari est clair : utiliser les outils numériques pour peser sans bruit dans la campagne à venir, quitte à faire du président sortant un « candidat virtuel » avant l’heure.