Lors d’une audition tenue le 14 mai 2025 à l’Assemblée nationale, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, a révélé avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour dénoncer certains pays frontaliers accusés de compromettre l’équilibre commercial régional. Dans son intervention, il a nommément désigné l’Ouganda, le Rwanda, l’Angola et le Kenya, qu’il accuse de faciliter des pratiques frauduleuses nuisant à l’économie congolaise.
Le dossier évoque la multiplication d’opérations de fractionnement des marchandises destinées à la RDC. Cette méthode consiste à diviser les cargaisons en plus petites unités afin de les faire entrer sur le territoire congolais par des itinéraires secondaires, en évitant ainsi les droits de douane. Le ministère du Commerce évalue à 3,9 milliards de dollars les pertes liées à cette fraude pour l’année 2024, bien que les éléments de calcul n’aient pas été rendus publics.
Ces pratiques illégales accentuent la pression sur les opérateurs économiques réguliers, dont les produits deviennent moins compétitifs face à ceux écoulés sur le marché national à bas prix après des circuits d’entrée détournés. Pour tenter d’y remédier, le gouvernement prévoit de renforcer le contrôle aux frontières en modernisant les dispositifs existants.
Julien Paluku a notamment annoncé la création prochaine d’un poste-frontière à arrêt unique à Kasumbalesa, au Haut-Katanga, principal point de passage avec la Zambie. Ce poste permettra une coordination entre les agents douaniers des deux pays pour accélérer et sécuriser les formalités d’entrée, en réduisant les embouteillages souvent observés dans cette zone à fort trafic commercial. Le ministre souhaite également introduire un « visa spécial » pour les chauffeurs de poids lourds, afin de fluidifier davantage le processus de circulation transfrontalière.
Déjà en octobre 2024, la Direction générale des douanes et accises (DGDA) avait interdit l’entrée de marchandises transbordées par le poste de Kasindi-Lubiriha, au Nord-Kivu, une mesure destinée à lutter contre les fraudes et à redynamiser les recettes douanières locales, notamment à Beni et Butembo.
Ces initiatives traduisent une volonté des autorités congolaises de reprendre la main sur les circuits commerciaux formels et d’instaurer des mécanismes de contrôle plus efficaces face à une économie informelle toujours dynamique aux frontières.
Adonis Kanga Grandes Lignes