Le gouvernement gabonais promet une disponibilité continue des traitements contre le VIH jusqu’en 2026. Une annonce attendue, dans un pays marqué par des années de ruptures d’approvisionnement.
Le ministre de la Santé, Adrien Mougougou, a rencontré le 2 juin dernier les représentants du Réseau gabonais des personnes vivant avec le VIH/Sida (REGAP+). À cette occasion, il a affirmé que l’ensemble des Centres de traitement ambulatoire (CTA) du pays disposeront de stocks suffisants d’antirétroviraux (ARV) jusqu’en 2026. Cette décision s’inscrit dans la continuité du programme de structuration de la réponse au VIH, lancé à l’été 2024.
Derrière cette annonce se joue un retour progressif de l’État sur un terrain où il avait déserté. Ces dernières années, les pénuries de traitements ont été fréquentes, durables, et largement dénoncées par les associations. Interruption de soins, complications médicales, recul du dépistage : la situation a durablement affecté la confiance dans les institutions sanitaires.
Un plan logistique, pas seulement politique
Le plan annoncé par le ministère ne se limite pas à la distribution de médicaments. Vingt-cinq appareils destinés à la mesure de la charge virale doivent également être acquis avec le soutien de partenaires techniques. Objectif : équiper les structures régionales et assurer un suivi biologique élargi. Le coût du test, jusque-là prohibitif (environ 60 000 FCFA), constituait un frein majeur pour les patients non couverts par des appuis extérieurs.
La mesure répond à une réalité longtemps ignorée : en matière de VIH, l’égalité d’accès aux soins reste fragile. En territoire rural, comme dans les quartiers périphériques, les ruptures d’ARV ou l’absence d’équipements de base sont encore courantes.
En affirmant vouloir faire de la santé publique une priorité nationale, le ministre Mougougou tente de renouer avec une politique de santé plus lisible. Mais cet engagement gouvernemental arrive tard, et il s’inscrit dans un contexte plus large de tension entre les patients, les associations et un État accusé d’avoir minimisé les alertes.
Ce changement de cap devra se vérifier dans la durée. La régularité de l’approvisionnement, la transparence dans la répartition du matériel, et la qualité du suivi biologique constitueront les indicateurs réels de l’efficacité de cette stratégie. L’exécutif s’engage, mais la confiance ne se décrète pas : elle se reconstruit.