Le Sommet des affaires États-Unis-Afrique de 2025, tenu à Luanda, en Angola, a mis en lumière les défis persistants et les espoirs partagés d’un partenariat économique renouvelé entre Washington et les capitales africaines. Sur fond de tensions commerciales, d’interdictions de visa et de droits de douane punitifs, les participants ont plaidé pour une diplomatie économique plus équitable et un respect mutuel accru.
Vers une diplomatie commerciale plus engagée
Troy Fitrell, haut responsable du Bureau des affaires africaines au Département d’État américain, a affirmé que les États-Unis faisaient évoluer leur stratégie commerciale en Afrique, désormais centrée sur les besoins du secteur privé. « Nos ambassades travaillent pour vous », a-t-il lancé à l’auditoire, soulignant que les diplomates américains sont désormais évalués sur leur capacité à générer des opportunités commerciales sur le continent. Il a reconnu l’essor des investissements nécessaires dans les infrastructures physiques et numériques, et s’est engagé à promouvoir l’Afrique auprès des 300 000 entreprises américaines encore peu actives sur le continent.
Fitrell a également insisté sur la compétitivité des produits américains, misant sur l’innovation, le transfert de technologie et l’investissement dans le capital humain africain comme leviers durables. Mais pour accélérer la cadence, il a appelé les institutions américaines à devenir plus agiles et offensives dans leur approche des marchés africains.
L’Union africaine appelle à la cohérence américaine
Mahmoud Ali Youssouf, nouveau président de la Commission de l’Union africaine, a dénoncé les incohérences du partenariat économique avec les États-Unis, notamment les interdictions de voyage visant sept pays africains et les droits de douane massifs imposés à plusieurs autres, en violation des règles de l’OMC. Il a fustigé l’impact de ces mesures unilatérales sur la dynamique commerciale, appelant à un dialogue franc et à une diplomatie respectueuse.
Il a par ailleurs exhorté les dirigeants africains à assumer pleinement le leadership de leur développement, insistant sur la nécessité d’une transformation structurelle guidée par la mobilisation des ressources internes.
Endettement : l’Afrique exige une place à la table des négociations
Admassu Tadesse, président du groupe de la Banque de commerce et de développement (TDB), a exprimé de vives préoccupations face à l’exclusion des institutions financières multilatérales africaines des négociations sur la restructuration de la dette post-Covid. Malgré leur rôle de prêteurs majeurs sur le continent, ces institutions n’ont pas été consultées, menant à des décisions aux effets contre-productifs.
Selon Tadesse, le système financier international exerce une pression injuste sur les pays africains, en raison de coûts de financement excessifs et de notations de crédit biaisées. Ces conditions, a-t-il dit, rendent inévitables certains défauts de paiement. « Les Africains ne veulent pas faire défaut ; ils veulent accéder aux marchés de capitaux comme tout le monde », a-t-il plaidé.
Il a salué l’appui de la Banque mondiale à des projets structurants tels que Mission 300, qui vise à fournir un accès à l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030, projet auquel la TDB est activement associée.
Une coopération à repenser
Le Sommet de Luanda aura donc été l’occasion de confronter visions et attentes entre les deux rives de l’Atlantique. L’appel des dirigeants africains à plus de respect, de réciprocité et d’intégration dans les processus décisionnels marque une nouvelle phase dans les relations économiques entre l’Afrique et les États-Unis. Reste à savoir si Washington saura traduire ses engagements en actes dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel.
Adonis Kanga Grandes Lignes