10 Août 2025, dim

Ce que le Kremlin espère du sommet Poutine–Trump

Ce que le Kremlin espère du sommet Poutine–Trump

Le président russe rencontrera son homologue américain le 15 août en Alaska, avec la guerre en Ukraine en toile de fond.

Après plus de sept mois de contacts indirects et de négociations informelles, Moscou et Washington ont finalement fixé une date. Le 15 août, Vladimir Poutine et Donald Trump se retrouveront en Alaska, territoire américain le plus proche de la Russie, vendu par le tsar Alexandre II en 1867 pour 7,2 millions de dollars.

L’annonce, faite par Donald Trump sur les réseaux sociaux, ne donne aucun détail sur le format ni sur l’ordre du jour. Mais le simple fait que le président américain accepte de rencontrer le chef du Kremlin constitue déjà une victoire diplomatique pour Moscou, qui reste largement isolée sur la scène internationale depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.

Un sommet au timing calculé

Depuis janvier, l’idée d’un face-à-face entre les deux hommes a été évoquée à plusieurs reprises, sans se concrétiser. Moscou en a exprimé le souhait, mais Poutine avait peu d’intérêt à accélérer tant qu’il estimait que la Russie progressait militairement.

Donald Trump, de son côté, avait promis en campagne de mettre fin au conflit en “24 heures”. Frustré de ne pas y parvenir, il a plusieurs fois envisagé un sommet, sans trouver le moment opportun. La décision est finalement tombée juste avant la date limite fixée par Washington pour imposer de nouvelles sanctions à la Russie.

L’annonce est intervenue quelques jours après la visite à Moscou de Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump, qui a rencontré Poutine au Kremlin.

Les objectifs du Kremlin

Pour Poutine, cette rencontre répond à une vision du monde où les grandes puissances se partagent les zones d’influence, à l’image des accords de Yalta en 1945. Il continue de considérer la Russie comme une puissance globale, grâce à son arsenal nucléaire, malgré une économie limitée en dehors de l’exportation d’énergie.

Le chef du Kremlin voit l’éclatement de l’URSS en 1991 comme “la plus grande catastrophe géopolitique du siècle” et cherche depuis à réaffirmer l’autorité de Moscou sur l’Ukraine. Sur le plan diplomatique, il espère obtenir de Washington une reconnaissance de certaines exigences stratégiques :

  1. contrôle de l’est de l’Ukraine ;
  2. exclusion définitive de Kiev de l’OTAN ;
  3. limitations sur l’armée ukrainienne ;
  4. maintien d’un gouvernement ukrainien favorable à Moscou.

Ces demandes maximalistes, déjà mises en avant lors des pourparlers d’Istanbul, n’ont jamais trouvé d’écho favorable à Kiev ni en Occident.

Les enjeux pour Donald Trump

Pour le président américain, le sommet représente une opportunité politique et personnelle. Se présentant comme un négociateur hors pair, il rêve de décrocher un accord de paix qui pourrait lui valoir un prix Nobel. Mais sa position sur la guerre a varié : favorable à la Russie en début de mandat, il avait limité l’aide militaire à l’Ukraine avant de durcir le ton face aux bombardements russes, qu’il a qualifiés de “honteux” et “dégoûtants”.

Plus récemment, il a autorisé des ventes d’armes supplémentaires à Kiev tout en affichant un retour au discours de la paix : “Tout le monde convient que cette guerre doit prendre fin”, a-t-il écrit sur sa plateforme en ligne.

Un levier américain limité

En dépit de menaces de sanctions directes et secondaires, Washington dispose d’un pouvoir de pression réduit sur Moscou. Les ventes d’énergie permettent à la Russie de supporter les sanctions occidentales les plus dures, et le commerce direct avec les États-Unis reste limité.

Trump n’a pas imposé les droits de douane punitifs appliqués à d’autres partenaires commerciaux, et il évite de sanctionner frontalement la Chine ou l’Inde, deux grands acheteurs de pétrole russe.

Peu d’espoir de percée

Le principal absent de ce sommet reste l’Ukraine. Donald Trump prévoit de rencontrer Volodymyr Zelensky après son tête-à-tête avec Poutine, mais cette absence réduit la portée immédiate des discussions. L’Union européenne, acteur majeur du soutien à Kiev, ne sera pas non plus représentée.

La population ukrainienne rejette massivement l’idée de concessions territoriales. L’absence de compromis des deux camps a déjà paralysé les tentatives de règlement négocié, et rien n’indique que la situation soit différente aujourd’hui.

Dans la presse russe, certains s’interrogent déjà : “Est-ce un véritable tournant dans la résolution du conflit ukrainien, ou simplement un nouveau coup de communication ?” écrivait récemment le Moskovsky Komsomolets.

Paul Lamier Grandes Lignes

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