Une nouvelle dynamique diplomatique se joue actuellement à Doha, où le Qatar poursuit discrètement ses efforts de médiation entre les acteurs clés du conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Une délégation du M23, dirigée par Bertrand Bisimwa, président de la branche politique du mouvement et coordonnateur adjoint de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), s’est rendue dans la capitale qatarie, accompagnée notamment du colonel John Imani Nzenze, responsable des renseignements de l’AFC-M23.
Cette mission diplomatique, initiée à l’invitation de l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, a pour objectif affiché de favoriser un dialogue tripartite entre le M23, la RDC et le Rwanda, afin de désamorcer une crise sécuritaire et humanitaire qui dure depuis des années.
Une médiation aux enjeux multiples
Le Qatar n’agit pas uniquement par altruisme diplomatique. Derrière ces efforts de paix se cachent des intérêts économiques et stratégiques majeurs. Doha cherche aussi à protéger ses investissements croissants à la fois à Kigali et à Kinshasa, dans des secteurs variés allant des infrastructures à l’énergie.
Mais surtout, le Qatar surveille de près la situation dans les zones minières contrôlées par les rebelles du M23, riches en or et autres minerais stratégiques, dont une partie alimente les marchés du Moyen-Orient, notamment via des réseaux d’exportation peu formels. Une déstabilisation prolongée ou un changement de contrôle de ces zones pourrait perturber ses circuits d’approvisionnement, en particulier pour l’or.
Doha après Luanda : la relance du dialogue ?
Cette rencontre fait suite à l’échec du sommet de décembre 2024 à Luanda, sous l’égide du président angolais João Lourenço, qui avait plutôt ravivé les tensions entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Le 18 mars dernier, le Qatar a repris l’initiative en organisant un entretien entre les deux chefs d’État, les amenant à réaffirmer leur volonté d’un cessez-le-feu immédiat. Mais sur le terrain, les combats se poursuivent.
Aujourd’hui, avec la présence à Doha de représentants du M23 et de Kinshasa, une nouvelle phase de discussions semble se dessiner, même si aucune annonce officielle n’a encore été faite. Pour de nombreux observateurs, le Qatar se positionne comme un acteur central, en alliant ambitions géopolitiques et logique économique.
Cette mesure intervient alors que la RDC est confrontée à une escalade des violences dans sa partie Est, notamment avec la montée en puissance du groupe rebelle M23, appuyé militairement par le Rwanda, selon Kinshasa et plusieurs rapports de l’ONU.