11 Août 2025, lun

À l’Est, la paix en promesse ; à Washington, Trump calcule

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Sous l’impulsion de Washington, un nouveau chapitre s’ouvre dans la crise sécuritaire à l’est de la République démocratique du Congo. Dans le cadre d’un accord négocié par les États-Unis, Kinshasa et Kigali ont convenu vendredi d’élaborer un plan de paix ce 2 mai 2025. Objectif affiché : mettre un terme aux affrontements meurtriers qui ont secoué les provinces orientales du Congo ces derniers mois. Les pourparlers ont été facilités à Washington par le secrétaire d’État Marco Rubio.

Depuis le début de l’année, le M23 rébellion soutenue par le Rwanda et réapparue en 2022 après cinq années de relative accalmie a fait reculer les forces congolaises, prenant le contrôle de zones stratégiques dans le Nord-Kivu.

Face à l’impasse militaire et diplomatique, Kinshasa a multiplié les démarches auprès de l’administration Trump. En février, le président Félix Tshisekedi a proposé un accord dit « minerais contre sécurité » : des concessions minières exclusives aux entreprises américaines en échange d’un appui sécuritaire renforcé armement, formation, diplomatie pour contrer le M23.

Aucune signature officielle n’a encore été annoncée, mais les discussions s’intensifient. Le week-end dernier, Michael Boulos tout nouveau conseiller Afrique du président Trump a déclaré avoir « tracé la voie » vers un pacte minier avec le Congo. Washington envisage un double levier : mobiliser des agences publiques comme la DFC (Société financière de développement international des États-Unis) et la Banque d’import-export, tout en encourageant les investissements privés.

Le Congo joue un rôle central dans les plans américains visant à contrer la domination chinoise dans les minerais critiques. Pékin contrôle aujourd’hui la majorité des exploitations congolaises, tandis que les États-Unis cherchent à sécuriser leur approvisionnement en cobalt, lithium, germanium et cuivre indispensables à l’industrie technologique, aux batteries et aux semi-conducteurs.

Jusqu’ici absentes du Congo, les grandes sociétés minières américaines pourraient emboîter le pas à KoBold Metals, start-up soutenue par Bill Gates et Jeff Bezos, qui ambitionne de lancer des opérations dans le pays. Selon Reuters, Washington aurait également fait pression sur Alphamin Resources une société canadienne opérant à Bisie pour qu’elle reprenne ses activités, temporairement suspendues après l’entrée du M23 à Walikale. Le retrait du groupe rebelle de cette localité est d’ailleurs attribué, en coulisses, aux pressions diplomatiques américaines.

Mais la situation demeure instable. En mars, un cessez-le-feu annoncé à Doha n’a pas été respecté. Le M23, bien implanté dans les territoires conquis, y perçoit des taxes et contrôle l’exploitation artisanale de l’or et du coltan. Plus encore, le groupe semble bénéficier du soutien d’anciens poids lourds de la scène politique congolaise. Joseph Kabila, président de 2001 à 2019, y séjourne désormais. Son retour d’exil début avril a précipité la saisie de ses biens et la suspension de son parti par Kinshasa.

Selon le Wall Street Journal, Tshisekedi aurait engagé des discussions avec Erik Prince, fondateur de la société militaire privée Blackwater et proche de Trump pour sécuriser les zones minières envahies et récupérer les recettes fiscales.

En parallèle, la réforme de l’armée congolaise reste une nécessité criante. Son morcellement, son infiltration et son manque de professionnalisation la rendent inapte à répondre durablement à la crise.

Sur le terrain, le Rwanda continue de justifier la présence de ses troupes estimées à 4 000 hommes par l’ONU par la menace persistante des FDLR, groupe armé à majorité hutue, allié selon Kigali à l’armée congolaise.

L’arrivée annoncée de nouveaux drones chinois du côté de Kinshasa souligne l’ambivalence de la situation. Si Washington se veut médiateur, la dynamique militaire reste active, et l’équilibre régional fragile. Les annonces sur la paix ne doivent pas occulter les tensions géopolitiques sous-jacentes, où s’entrelacent rivalités africaines, intérêts stratégiques américains et expansion chinoise.

Paul Lamier Grandes Lignes

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