Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye est attendu à Washington du 9 au 10 juillet 2025 pour une visite de travail placée sous le signe du renforcement des relations entre les États-Unis et l’Afrique. À l’invitation du président américain Donald Trump, ce mini-sommet réunira également les chefs d’État de Mauritanie, de Guinée-Bissau, du Liberia et du Gabon.
Cette rencontre s’inscrit dans une stratégie de repositionnement de la diplomatie américaine sur le continent africain. Après deux décennies marquées par le programme AGOA (African Growth and Opportunity Act), qui offrait un accès préférentiel au marché américain pour les produits africains, Washington a annoncé son intention de tourner la page. Le département d’État a précisé en mai dernier que les relations futures s’articuleraient désormais autour de la réciprocité commerciale, de l’investissement privé et de la sécurité, plutôt que de l’aide au développement.
Dans ce contexte, les discussions avec les dirigeants africains devraient porter sur la redéfinition des partenariats économiques et sécuritaires. Des secteurs comme l’énergie, les infrastructures, la cybersécurité, la logistique ou encore les technologies numériques sont identifiés comme prioritaires. Des entreprises américaines, notamment dans les industries portuaire et énergétique, cherchent à accroître leur présence en Afrique de l’Ouest, et le Sénégal figure parmi les pays ciblés.
Le Sénégal défend ses intérêts
Pour le président Diomaye Faye, cette visite représente une opportunité stratégique. À la tête d’un gouvernement réformiste, il entend renforcer les liens avec Washington sans compromettre les ambitions d’indépendance économique prônées par son Premier ministre Ousmane Sonko. Le Sénégal, qui joue un rôle central en Afrique de l’Ouest, souhaite attirer des investissements structurants tout en négociant des accords commerciaux plus justes, notamment à l’aune de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Cette visite pourrait également permettre de repositionner Dakar comme un interlocuteur-clé pour les États-Unis, dans une région où les équilibres sécuritaires sont fragiles et les rivalités géopolitiques croissantes, notamment avec la Russie, la Chine et les Émirats arabes unis.
Climat diplomatique tendu sur la question migratoire
Mais la coopération ne se fera pas sans tensions. Ces dernières semaines, les relations entre Dakar et Washington ont été mises à rude épreuve par des mesures migratoires jugées discriminatoires. Le Premier ministre Ousmane Sonko a publiquement dénoncé le refus de visa opposé à plusieurs joueuses de l’équipe nationale féminine de basketball, entraînant l’annulation d’un stage prévu aux États-Unis. Un câble diplomatique, révélé par The Washington Post, évoque même l’extension imminente des restrictions d’entrée à 36 pays africains, dont le Sénégal.












