5 Nov 2025, mer

Affaire Epstein : Londres limoge son ambassadeur à Washington

Affaire Epstein Londres limoge son ambassadeur à Washington

Londres a mis fin aux fonctions de son ambassadeur à Washington, Peter Mandelson, après la publication d’échanges compromettants révélant l’étendue de ses liens passés avec Jeffrey Epstein. À la veille d’une visite officielle de Donald Trump au Royaume-Uni, ce scandale relance les interrogations sur la vigilance des services diplomatiques, et fragilise un peu plus le gouvernement Starmer.

Des courriels accablants

La décision est tombée jeudi matin. Peter Mandelson, ambassadeur du Royaume-Uni aux États-Unis, a été relevé de ses fonctions avec effet immédiat. En cause : une série de courriels récemment exhumés, dont le contenu jette une lumière nouvelle sur la nature de ses relations avec Jeffrey Epstein, le financier américain condamné pour délits sexuels.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a indiqué que ces messages « montrent que la profondeur et l’étendue de la relation entre Peter Mandelson et Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de ce qui était connu au moment de sa nomination ». L’un des courriels, daté de 2008, révèle que Mandelson exprimait son soutien explicite à Epstein, condamné à l’époque pour avoir sollicité une mineure : « Je pense que le monde de toi… Je suis désespéré et furieux de ce qui s’est passé », écrivait-il. Une position jugée intenable par Londres, qui a immédiatement mis fin à sa mission diplomatique.

Un embarras politique majeur

Le renvoi de Peter Mandelson survient dans un contexte déjà délicat pour le Premier ministre travailliste Keir Starmer, dont la vice-Première ministre Angela Rayner avait démissionné une semaine plus tôt après une affaire fiscale. Cette nouvelle affaire sème le trouble au sommet de l’État, d’autant plus qu’elle coïncide avec une visite officielle du président américain Donald Trump à Londres, prévue la semaine prochaine.

Trump, qui s’était affiché récemment avec Mandelson à la Maison-Blanche, n’a cessé de minimiser ses propres liens avec Epstein. Mais la publication de ces correspondances, obtenues par Bloomberg News, a relancé les soupçons et fragilisé la position de Londres face à une opinion publique en quête de transparence.

Une amitié ancienne et embarrassante

Si les liens entre Mandelson et Epstein étaient déjà documentés, ces nouveaux éléments ont pris de court le gouvernement. L’homme politique, âgé de 71 ans, a reconnu avoir été proche du financier, l’avoir visité sur son île privée et lui avoir adressé des mots flatteurs dans un livre d’anniversaire : « mon meilleur ami », écrivait-il, accompagné d’une photo en peignoir blanc.

Interrogé par The Sun, Mandelson a exprimé ses regrets, assurant qu’il n’avait « jamais été témoin d’actes répréhensibles », et qu’il avait « cru les explications fournies par Epstein à l’époque ». Des justifications jugées insuffisantes par Downing Street, qui insiste désormais sur « le devoir de redevabilité et de respect envers les victimes ».

La désignation de Peter Mandelson au poste d’ambassadeur avait été saluée comme audacieuse mais controversée. Ancien artisan du « New Labour » de Tony Blair, deux fois contraint à la démission sous les gouvernements précédents, Mandelson traînait une réputation sulfureuse. Les conservateurs comme les proches de Trump s’étaient insurgés, rappelant qu’il avait qualifié l’ancien président de « nationaliste blanc » et de « danger pour le monde » avant de rétropédaler sur Fox News.

Malgré tout, sa nomination avait été maintenue, et Mandelson s’était rapidement imposé à Washington, devenant un habitué des réceptions officielles et un interlocuteur privilégié de l’administration Trump.

Le limogeage de Peter Mandelson laisse désormais vacant l’un des postes diplomatiques les plus stratégiques pour Londres. Parmi les noms qui circulent pour le remplacer figure celui de David Miliband, ancien ministre des Affaires étrangères, et poids lourd du Parti travailliste.

En toile de fond, l’affaire Epstein continue d’ébranler les sphères politiques des deux côtés de l’Atlantique. Mandelson, qui espérait incarner un trait d’union transatlantique dans une période troublée, quitte la scène dans la tourmente une sortie qui en dit long sur les fragilités du pouvoir en temps d’exposition maximale.

Paul Lamier Grandes Lignes

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