De plus en plus indispensable à la connectivité numérique, la fibre optique reste pourtant l’un des maillons les plus vulnérables des infrastructures africaines. En 2024, le Ghana, le Nigeria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire ou encore la Gambie ont enregistré des milliers de coupures, impactant directement la qualité des services télécoms et la performance économique des opérateurs.
Au Ghana, un défi toujours persistant malgré des efforts
Avec 5 600 coupures recensées, le Ghana reste fortement exposé, bien que le chiffre soit en légère baisse par rapport à 2023. Les travaux routiers, les actes de vandalisme ou encore les activités immobilières représentent les principales causes de ces interruptions. Le coût économique est significatif : plus de 9 millions de dollars perdus en 2023, auxquels s’ajoutent plus de 422 jours cumulés de perturbations.
Le Nigeria, champion des coupures en Afrique
La situation est encore plus alarmante au Nigeria, où 50 000 incidents ont été enregistrés sur le seul exercice 2024, dont 30 000 liés à des projets publics. Le coût des réparations a atteint 23 millions USD en 2023. Pour y faire face, Abuja a promulgué une ordonnance criminalisant toute atteinte aux infrastructures télécoms, avec sanctions renforcées et comité de coordination interministériel.
Cameroun, Côte d’Ivoire, Gambie : des exemples similaires
Au Cameroun, Camtel fait état de plus de 1 000 sabotages ciblant son réseau de transport de données. En Côte d’Ivoire, Orange a rapporté près de 1 000 coupures, souvent liées à des travaux ou au vol de câbles. En Gambie, Gamtel multiplie les plaintes depuis plusieurs années, en dépit de lourds investissements pour réparer les dégâts.
Des réponses variées mais encore limitées
Face à l’ampleur du phénomène, plusieurs pays africains ont lancé des campagnes de sensibilisation, mis en place des incitations financières ou instauré des régulations plus strictes. L’Ouganda a déployé une campagne nationale impliquant les communautés locales et les autorités pour limiter les actes de vandalisme. En Gambie, une politique de protection assortie d’amendes et de primes de dénonciation est en vigueur depuis 2023.
Vers une stratégie continentale ?
Malgré ces initiatives, la protection des infrastructures reste encore marquée par des approches disparates, souvent fragmentaires. Les professionnels du secteur appellent à une action coordonnée entre États, régulateurs et opérateurs pour mutualiser les efforts. La mise en œuvre de lois adaptées, l’intégration systématique de la fibre dans les projets de travaux publics, et le développement de technologies de surveillance doivent s’imposer comme des priorités partagées.
Dans un continent où l’économie numérique repose de plus en plus sur la connectivité haut débit, garantir l’intégrité du réseau de fibre optique devient un enjeu central pour la continuité des services, la compétitivité des entreprises et la modernisation des services publics.