4 Nov 2025, mar

Après les frappes contre l’Iran, l’heure des choix : vers une escalade ou une désescalade ?

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Les frappes américaines du dimanche 22 juin contre les sites nucléaires iraniens ont marqué un tournant brutal dans la confrontation entre Téhéran, Israël et Washington. En ciblant Fordo, Natanz et Ispahan des piliers du programme nucléaire militaire iranien, les États-Unis ont franchi un seuil critique. Donald Trump, dans une allocution triomphante, a affirmé avoir « anéanti les installations essentielles d’enrichissement nucléaire de l’Iran ». Une annonce au retentissement mondial, qui redéfinit les équilibres de puissance dans la région. Mais ouvre aussi une ère d’incertitudes.

Une frappe qui rebat les cartes au Proche-Orient

Depuis sa naissance, la République islamique d’Iran revendique un rôle révolutionnaire anti-occidental. Mais ces dernières années, c’est surtout son obsession nucléaire qui cristallisait les tensions. L’acquisition d’une bombe aurait permis à Téhéran de sanctuariser son régime tout en consolidant son influence au Levant, au Liban, en Irak et au Yémen. Or, cette ambition a été stoppée net, du moins temporairement, par l’intervention directe des États-Unis.

Cette décision américaine inédite depuis des décennies de confrontation indirecte bouleverse la donne stratégique. Elle place les dirigeants iraniens, déjà fragilisés par des semaines de frappes israéliennes, devant une alternative aussi périlleuse que décisive.

1/ L’Iran entre vengeance et survie

Pour le guide suprême Ali Khamenei, la tentation de riposter est forte. Il a promis des « dommages irréparables » à l’Amérique. Mais l’Iran a-t-il encore les moyens d’une escalade ? Sa force balistique a été entamée, ses alliés régionaux notamment le Hezbollah sont affaiblis, et fermer le détroit d’Ormuz reviendrait à se tirer une balle dans le pied économique. Il ne lui resterait que l’option asymétrique : le terrorisme. Une voie déjà empruntée par le passé, et toujours redoutée par les services de renseignement occidentaux.

Mais à Téhéran, certains responsables pourraient privilégier la survie du régime. Dans les cercles dirigeants, une ligne plus réaliste pourrait prévaloir : éviter une confrontation frontale avec les États-Unis et préserver les fondements du pouvoir.

2/ Washington, frappe chirurgicale ou engrenage ?

Du côté américain, la posture reste ambivalente. Donald Trump a revendiqué un succès majeur mais s’est gardé de toute déclaration belliciste contre le régime iranien. Il a exclu de viser personnellement Khamenei, contrairement à la position affichée par Israël. Washington aurait même proposé à l’Iran une voie de sortie diplomatique, à condition d’un abandon total des capacités d’enrichissement d’uranium.

Mais l’histoire l’a montré : il est plus facile de lancer une frappe que de sortir d’un conflit. Si l’Iran choisit la confrontation, les États-Unis pourraient être entraînés malgré eux dans un engrenage. Trump pourrait alors devoir arbitrer entre ses velléités de puissance et sa promesse de désengagement militaire à l’étranger.

3/ La Chine et la Russie en embuscade

Pékin et Moscou condamnent publiquement les frappes, mais pourraient en tirer avantage. La Chine, très dépendante du pétrole du Golfe, surveille la situation avec nervosité, mais sans réelle capacité d’intervention militaire. En revanche, une diversion américaine au Proche-Orient permettrait à Xi Jinping de renforcer sa position sur le dossier taïwanais.

La Russie, elle, profite de la distraction occidentale. Engagée en Ukraine, elle voit dans cette escalade un répit stratégique. Vladimir Poutine n’a aucun intérêt à soutenir activement l’Iran, mais se satisfait de voir les États-Unis englués sur un nouveau front.

4/ Israël, vainqueur ou futur otage de son succès ?

Pour Tel-Aviv, la neutralisation même partielle du programme nucléaire iranien est une victoire stratégique. Mais elle ouvre un dilemme : faut-il poursuivre les frappes et viser la chute du régime, ou s’arrêter là et éviter une spirale incontrôlable ? Benyamin Netanyahou devra aussi composer avec les lignes rouges fixées par son allié américain.

Reste que le précédent de Gaza démontre à quel point les conflits peuvent s’éterniser une fois enclenchés. Et le chaos en Iran pourrait devenir un nouveau foyer d’instabilité majeur.

5/ L’Europe marginalisée, une fois de plus

La diplomatie européenne, longtemps axée sur la négociation avec Téhéran, a été court-circuitée. Paris, Berlin et Londres, engagés dans des discussions à Genève jusqu’à la veille des frappes, n’ont rien vu venir. Et n’ont pas pesé dans les décisions prises à Washington ou à Tel-Aviv. Si une désescalade se profile, une fenêtre pourrait s’ouvrir à nouveau pour la voie diplomatique. Mais pour l’instant, les Européens semblent hors-jeu.

À l’issue de cette frappe spectaculaire, un constat s’impose : la guerre a changé de visage. La destruction des sites d’enrichissement iraniens a modifié le paysage stratégique, mais n’a pas mis fin à la confrontation. Les prochaines heures, les prochains jours, seront cruciaux. De la retenue ou non des uns et des autres dépendra l’entrée dans une nouvelle guerre régionale, ou la possibilité d’une accalmie fragile.

Paul Lamier Grandes Lignes

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