5 Nov 2025, mer

Arrestations massives au Mali : fissures dans l’armée, inquiétudes autour du régime

Arrestations massives au Mali fissures dans l’armée, inquiétudes autour du régime

Alors que la transition verrouille le pays autour du colonel Assimi Goïta, une vague d’interpellations de hauts gradés révèle les tensions et la méfiance croissante d’un régime assiégé de l’intérieur comme de l’extérieur.

Un coup de filet dans les rangs militaires

En l’espace de quelques jours, près de quarante militaires maliens, dont plusieurs hauts gradés, ont été arrêtés à Bamako et dans différentes garnisons du pays. Selon des sources sécuritaires citées par Reuters, ils seraient soupçonnés de menaces contre le gouvernement de transition.

Deux figures retiennent l’attention : le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de Mopti, et la générale de brigade Nema Sagara, membre de l’état-major de l’Armée de l’air. Son profil est d’autant plus symbolique qu’elle figure parmi les femmes militaires les plus haut gradées du continent africain et a directement participé à des opérations de combat. Formée au Mali, en France et aux États-Unis, son parcours de défense des populations civiles et de la souveraineté nationale rend son arrestation particulièrement troublante.

Officiellement, silence radio. Ni l’armée ni le gouvernement n’ont confirmé ces interpellations, encore moins précisé les charges retenues. Mais en coulisses, plusieurs sources parlent d’une volonté claire : neutraliser tout embryon de contestation à l’intérieur même de la machine sécuritaire, pilier du pouvoir depuis les coups d’État d’août 2020 et de mai 2021.

Goïta verrouille la transition

Cette purge intervient dans un climat politique marqué par le verrouillage progressif du pouvoir. En avril, la « conférence nationale de refondation » a recommandé de prolonger Assimi Goïta à la tête de l’État pour un mandat de cinq ans, renouvelable sans limite. Depuis, les partis politiques ont été dissous, les manifestations interdites et les rares voix dissidentes étouffées.

Un mois plus tard, cette orientation a été officialisée, réduisant encore l’espace civique et institutionnalisant l’emprise de la junte sur l’appareil d’État. Dans ce contexte, toute contestation interne, même embryonnaire, est perçue comme une menace existentielle.

Un pays en guerre sur plusieurs fronts

Malgré ce verrouillage politique, les priorités affichées par la transition restent loin d’être atteintes. La sécurité, pierre angulaire de la légitimité de Goïta, reste fragile. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, multiplie les offensives au centre et au nord du pays : embuscades contre des postes militaires, taxation illégale des populations, enlèvements ciblés, contrôle des routes commerciales.

Avec des ressources financières conséquentes et une extension de son influence jusqu’au Burkina Faso et au Niger, l’insurrection gagne en intensité. Les groupes armés combinent tactiques de guérilla et guerre psychologique, alimentant la peur dans les zones rurales et mettant à mal la promesse de « souveraineté retrouvée » brandie par la junte.

La Russie en soutien, mais la défiance s’installe

Depuis la rupture avec ses partenaires occidentaux, notamment la France, et la sortie du G5 Sahel, Bamako a renforcé son partenariat militaire avec Moscou. La Russie fournit armes, conseillers et appuis logistiques, devenant un acteur incontournable de la défense malienne.

Mais cette dépendance nouvelle suscite aussi des critiques au sein des rangs. Certains officiers estiment que l’indépendance du pays est à nouveau compromise, remplacée par une tutelle différente. L’arrestation de cadres de haut rang pourrait refléter cette crispation : la peur d’un basculement interne nourri par des divergences stratégiques autant que par des ambitions personnelles.

L’ampleur des arrestations, touchant des profils aussi divers qu’Abass Dembélé et Nema Sagara, révèle un climat de suspicion généralisée. Est-ce une purge préventive contre un complot réel, ou l’expression d’une paranoïa croissante au sommet de l’État ? Dans une armée qui avait constitué la colonne vertébrale de la prise de pouvoir, l’apparition de fractures internes pourrait s’avérer plus déstabilisante qu’une menace extérieure.

Paul Lamier Grandes Lignes

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