Sous un soleil brûlant et devant des milliers de partisans vêtus du bleu de son parti, Peter Mutharika a repris, samedi à Blantyre, les rênes d’un Malawi fragilisé. À 85 ans, l’ancien président fait son retour au pouvoir, six ans après avoir quitté la scène politique, avec un mot d’ordre : éradiquer la corruption et redresser une économie en chute libre.
« Nous sommes de retour avec une nouvelle vision et un nouvel agenda », a déclaré celui qui fut professeur de droit à Yale, sous les applaudissements du stade Kamuzu. « À partir d’aujourd’hui, la corruption, c’est terminé. Si je découvre que vous pillez l’État, je m’occuperai de vous. Vous avez désormais affaire à un président différent. »
Une économie exsangue
L’euphorie de son investiture ne masque pas la gravité de la situation. Le Malawi, pays enclavé d’Afrique australe, traverse une crise économique d’ampleur inédite : inflation à plus de 30 %, pénuries chroniques de carburant et de devises étrangères, et une population dont près des trois quarts vivent avec moins de 3 dollars par jour.
À ces difficultés s’ajoutent une sécheresse régionale et un cyclone meurtrier, conséquences directes du changement climatique, qui ont détruit les récoltes et accentué la misère.
Le poids de la corruption
Mais c’est surtout la corruption endémique qui a miné la confiance des Malawites dans leurs institutions. Ces dernières années, des détournements de plusieurs millions de dollars ont éclaboussé les élites politiques. Le pays occupe aujourd’hui la 107e place sur 180 au classement mondial de Transparency International.
« Cette attitude selon laquelle nous sommes au gouvernement pour nous enrichir est ce qui détruit ce pays », a insisté Peter Mutharika, dans un ton tranchant qui tranche avec la prudence de son prédécesseur, Lazarus Chakwera.
Une revanche politique
Élu une première fois en 2014, Mutharika avait vu sa victoire de 2019 annulée pour fraude électorale. La Cour constitutionnelle avait ordonné un nouveau scrutin, remporté par Chakwera. Son retour triomphal aujourd’hui s’apparente à une revanche politique.
L’absence remarquée de Lazarus Chakwera à la cérémonie d’investiture a aussi nourri les commentaires. L’ancien président, selon son parti, « avait gracieusement proposé d’assister à la passation historique du pouvoir » avant d’être « retiré du programme à la dernière minute ».
Pour beaucoup d’observateurs, cette mise à l’écart symbolise le climat de méfiance qui entoure encore la transition. Mais pour Mutharika, le message est clair : il veut apparaître en homme fort, décidé à restaurer la confiance dans l’État et à tourner la page des scandales.
« Je ne serai pas un président de discours, mais un président d’action », a-t-il conclu, promettant de « rendre au peuple malawite la dignité qu’il mérite ».
Paul Lamier Grandes Lignes (AFP)












