Le Bénin entre dans une nouvelle phase politique. Samedi, dans un stade de Parakou en liesse, Romuald Wadagni a été officiellement désigné candidat de la majorité pour la présidentielle du 12 avril 2026. À 49 ans, le ministre des Finances, figure clé du gouvernement de Patrice Talon, est désormais appelé à porter l’héritage du chef de l’État sortant.
Un héritier du système Talon
Depuis 2016, Romuald Wadagni a façonné l’image d’un technocrate rigoureux, artisan de la discipline budgétaire et de la croissance économique du pays. Sous son mandat, le Bénin a enregistré une progression soutenue du PIB, souvent au-dessus de 6 %, et a bénéficié d’évaluations positives des agences de notation internationales. Cette image de gestionnaire sérieux en fait l’héritier naturel d’un pouvoir qui veut mettre en avant la continuité et la stabilité.
Son investiture n’a laissé place à aucune ambiguïté : trompettes, vuvuzelas et pancartes à son effigie ont donné le ton d’une mobilisation orchestrée. Le slogan « Je m’engage pour Row », son surnom, illustre déjà la volonté de transformer le ministre en figure de ralliement nationale.
La jeunesse au cœur du discours
Dans son premier discours de campagne, Wadagni a insisté sur un thème central : la jeunesse. « La jeunesse est notre richesse, elle est notre force, elle est notre avenir », a-t-il martelé devant ses partisans. Le message s’adresse à une population où plus de 60 % des habitants ont moins de 25 ans, et où le défi de l’emploi reste une question brûlante. En se positionnant comme candidat de la nouvelle génération, il tente de fédérer un électorat parfois critique face au bilan social du régime Talon.
Il sera accompagné dans cette ambition par Mariam Chabi Talata, vice-présidente sortante et désormais sa co-listière, garantissant un équilibre politique et régional dans le ticket présidentiel.
Une élection déjà polarisée
La route vers la magistrature suprême ne sera toutefois pas sans obstacles. Le principal adversaire attendu de Wadagni est le candidat encore inconnu des Démocrates, parti de l’ex-président Yayi Boni. Les Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), opposition dite modérée, ont désigné l’ancien ministre Paul Hounkpè. Ces candidatures laissent présager une bataille entre continuité et alternative, sur fond de tensions politiques persistantes depuis les dernières élections contestées.
Pour ses partisans, Wadagni incarne la stabilité et la modernité. Pour ses détracteurs, il représente surtout la continuité d’un système verrouillé par Patrice Talon. Quoi qu’il en soit, l’investiture du ministre marque un tournant : la succession est désormais ouverte, et la présidentielle de 2026 s’annonce comme un test décisif pour l’avenir politique et démocratique du Bénin.
Paul Lamier Grandes Lignes












