La Commission européenne a décidé d’aligner sa position sur celle du GAFI, en ajoutant Monaco à sa liste des juridictions à haut risque en matière de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Une décision aux répercussions concrètes sur l’image et les pratiques financières du Rocher.
Monaco, symbole du luxe, du secret bancaire et de la haute finance, figure désormais parmi les pays considérés par Bruxelles comme vulnérables aux flux financiers illicites. Ce mardi 10 juin, la Commission européenne a formellement intégré la Principauté à sa liste des juridictions présentant des « carences stratégiques » dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
L’ajout du Rocher à cette liste, déjà effectif depuis l’été 2024 dans le classement du Groupe d’action financière (GAFI), vient renforcer le niveau d’alerte au sein de l’Union européenne. Maria Luís Albuquerque, commissaire européenne aux services financiers, a justifié cette décision par la nécessité de « préserver l’intégrité du système financier de l’UE ».
Un manque de rigueur dénoncé par le GAFI
La critique de fond repose sur plusieurs lacunes pointées du doigt par le GAFI :
- des insuffisances en matière de saisie des avoirs criminels à l’étranger,
- un manque d’application de sanctions dissuasives,
- des efforts jugés insuffisants dans la lutte contre la fraude fiscale transfrontalière.
En somme, malgré son cadre légal, Monaco ne mettrait pas en œuvre avec suffisamment de rigueur les mécanismes censés endiguer l’utilisation du système financier à des fins criminelles. Un signal préoccupant pour une juridiction qui abrite un volume important de capitaux internationaux.
Quelles conséquences pour la Principauté ?
Cette inscription n’est pas symbolique. Elle implique une série de contrôles renforcés sur les flux financiers et sur les acteurs économiques opérant avec ou depuis Monaco :
- Les établissements bancaires et financiers devront mettre en place des mesures de vigilance accrues,
- Les professionnels de l’art, les commissaires-priseurs et autres intermédiaires financiers seront également concernés,
- Les transactions transfrontalières feront l’objet d’un suivi particulier au sein de l’espace européen.
Ce classement risque aussi de nuire à la réputation internationale de Monaco, à l’heure où la transparence financière devient un critère central dans les relations diplomatiques et économiques.
La riposte de Monaco : un engagement réaffirmé
Réagissant à cette annonce, les autorités monégasques ont tenu à souligner leur coopération avec les instances internationales, et notamment le GAFI. Le gouvernement affirme « l’engagement permanent des services et autorités concernés par la mise en place des actions convenues » avec l’organisme.
Toutefois, cet engagement devra désormais se traduire par des réformes concrètes et visibles s’il veut espérer une sortie rapide de cette liste noire. Car pour la Commission européenne comme pour le GAFI, les effets d’annonce ne suffisent plus : ce sont les résultats sur le terrain qui comptent.