Le pape François est décédé lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans, des suites d’un accident vasculaire cérébral. Ce décès marque la fin d’un pontificat de douze ans profondément réformateur. Il ouvre également une période de transition intense pour l’Église catholique, marquée par des rites millénaires, des enjeux spirituels majeurs et des tractations politiques discrètes. Entre organisation des funérailles et convocation du conclave, le Vatican s’apprête à vivre des semaines d’une rare intensité.

La mort du pape : un protocole précis et immuable

La mort du pape François est survenue à 7h35, lundi 21 avril, dans sa résidence de la Casa Santa Marta, au Vatican. Selon le certificat signé par le directeur du département de la santé du Vatican, Andrea Arcangeli, le souverain pontife a succombé à un AVC ayant entraîné un coma et une défaillance cardiocirculatoire.

Hospitalisé en février 2025 pour une double pneumonie, François avait frôlé la mort à deux reprises pendant ses 38 jours d’hospitalisation. Contre l’avis de ses médecins, il avait repris ses fonctions de manière allégée, jusqu’à bénir la foule rassemblée pour la messe de Pâques, la veille de son décès.

La confirmation officielle de sa mort a été faite par le cardinal Kevin Farrell, camerlingue (ou “chambellan”) de la Sainte Église romaine, assisté du service médical du Vatican. C’est ce cardinal, nommé par François en 2019, qui prend désormais les rênes temporaires du Saint-Siège.

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Les premières heures après le décès

Dès la mort constatée, le protocole millénaire se met en place. Le corps du pape est vêtu d’une soutane blanche, puis transporté dans la chapelle privée de Sainte-Marthe pour une prière restreinte en présence des cardinaux, de quelques proches et de la famille.

Le cercueil intérieur, en bois doublé de zinc, est ensuite préparé. Contrairement à la tradition qui voulait que les papes soient exposés sur un trône funéraire, François, fidèle à sa simplicité, a décidé en 2024 de ne pas être présenté ainsi. Son cercueil restera au niveau du sol lors de la chapelle ardente.

Le camerlingue fait sceller les appartements pontificaux et détruit, à l’aide d’un marteau cérémoniel, l’anneau du pêcheur, symbole de l’autorité papale, afin d’éviter tout usage frauduleux.

Les funérailles : entre tradition et volonté de simplicité

Le cercueil du pape François sera transféré mercredi à la basilique Saint-Pierre, où une exposition publique aura lieu. Ce moment permettra aux fidèles de rendre un dernier hommage. Contrairement à Jean-Paul II, exposé pendant plusieurs jours en 2005 sur un podium surélevé, François a refusé toute glorification, demandant une mise en bière simple.

Les funérailles se tiendront samedi 26 avril à 10 heures, place Saint-Pierre, présidées par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux. C’est lui qui aura aussi la tâche de convoquer le conclave.

Après la messe, le cercueil sera transféré vers la basilique Sainte-Marie-Majeure, église qu’il affectionnait particulièrement, où il sera inhumé. Le rituel prévoit que le visage du pape soit recouvert d’un voile blanc, qu’un « rogito » (acte relatant son pontificat) soit placé dans le cercueil, accompagné de pièces de monnaie frappées à son effigie.

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Le conclave : vers un nouveau pape

Dès la mort du pape, une période de transition s’ouvre : la « sede vacante », ou « siège vacant ». Durant 15 à 20 jours, le Collège des cardinaux (252 membres actuellement) se prépare à élire un nouveau souverain pontife. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans pourront voter – soit environ 129 électeurs.

Les cardinaux sont logés à la Casa Santa Marta, à l’intérieur du Vatican, et sont appelés à voter à huis clos dans la célèbre chapelle Sixtine, jusqu’à l’obtention d’une majorité des deux tiers.

Chaque vote est suivi de l’incinération des bulletins dans un poêle spécifique.

• Fumée noire : aucun pape n’a été élu.
  
• Fumée blanche : un nouveau pape est élu.
  

Le mot « conclave », qui signifie « enfermé avec clé », reflète bien l’isolement imposé aux cardinaux pour préserver la discrétion absolue des débats.

Une élection à durée variable

Le conclave peut durer quelques heures ou plusieurs jours.

• Jean-Paul II avait été élu après 8 votes en deux jours.
  
• Benoît XVI, après 4 votes en un jour.
  
• François, en 5 votes sur deux jours.
  

Historiquement, certains conclaves ont été beaucoup plus longs : celui de Grégoire X en 1271 dura près de trois ans. Depuis, des règles strictes limitent la durée, comme la réduction des repas, voire le passage à du pain et de l’eau après plusieurs jours sans résultat.

L’émergence du nouveau pape

Une fois élu, le nouveau pape choisit son nom de règne et revêt pour la première fois la soutane blanche dans la sacristie de la chapelle Sixtine. Il se présente alors au balcon de la basilique Saint-Pierre, où un cardinal proclame la fameuse formule :

« Habemus papam » – « Nous avons un pape ».

Il s’ensuit un premier discours public, souvent bref, marquant le début d’un nouveau chapitre pour l’Église catholique.

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Une transition très observée

Le décès du pape François, premier pape latino-américain, marque un moment clé pour l’Église. Réformateur mais prudent, il a ouvert la voie à de nombreux débats internes. Le choix de son successeur sera crucial pour déterminer si l’Église poursuivra dans la voie du changement ou reviendra vers une ligne plus conservatrice.

Les semaines à venir s’annoncent donc historiques – à la fois dans leur symbolique religieuse et dans leurs enjeux politiques et diplomatiques.

Paul Lamier, Grandes Lignes