Chaque mois de septembre, New York se transforme en capitale diplomatique du monde, le temps de l’Assemblée générale des Nations unies. Cette 80e session ne fait pas exception : les dirigeants africains s’y rendront pour défendre leurs dossiers nationaux, mais aussi pour chercher des soutiens discrets dans les coulisses. Cette année encore, la composition des délégations en dit long sur les équilibres politiques et les priorités stratégiques du continent.
Tshisekedi en première ligne
Le président congolais Félix Tshisekedi sera l’un des orateurs attendus le 24 septembre. Sa prise de parole devrait s’accompagner de discussions bilatérales sur le processus de paix lancé par Washington entre la RDC et le Rwanda. Malgré la signature en juin dernier d’un accord entre les deux chancelleries, la réalité militaire n’a guère évolué : le M23 reste solidement implanté dans l’est du Congo et les négociations parallèles de Doha piétinent. Washington mise néanmoins sur ce rendez-vous pour pousser un projet d’intégration économique RDC-Rwanda, dont une nouvelle phase est prévue en octobre.
Le retour de Sassou-Nguesso
À ses côtés, Denis Sassou-Nguesso, président du Congo-Brazzaville, sera présent dès le 23 septembre, accompagné d’une imposante délégation de ministres. Il s’était fait représenter l’an passé, mais revient à New York pour reprendre sa place parmi les vétérans de la diplomatie africaine. Son discours est attendu le 24 septembre, avec un accent mis sur l’intégration sous-régionale et la coopération sécuritaire.
Oligui Nguema et Touadéra, figures d’Afrique centrale
Le Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema, désormais chef d’État élu après sa transition militaire, signe sa première participation officielle en tant que président reconnu par l’Union africaine. Il aura l’occasion de conforter son image de dirigeant en quête de légitimité internationale. Le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, habitué des tribunes onusiennes, sera également présent pour plaider la stabilité dans son pays encore fragile.
Des absences remarquées
À l’inverse, plusieurs absences attireront l’attention. Paul Biya, qui avait confirmé sa venue, devrait comme souvent se faire représenter. Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) a préféré déléguer son Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères. Aucun dirigeant de l’Alliance des États du Sahel (AES) Abdourahamane Tiani (Niger), Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) ne fera le voyage, chacun ayant choisi d’envoyer son Premier ministre. En Guinée, Mamadi Doumbouya restera à Conakry pour superviser le référendum constitutionnel du 21 septembre, jugé décisif pour la consolidation de son pouvoir.
L’Afrique de l’Ouest et le Maghreb en retrait
Parmi les figures de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Nigérian Bola Tinubu seront présents, contrairement à Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Patrice Talon (Bénin), qui ont annulé leur venue. Au Maghreb, les absences sont quasi totales : Mohammed VI (Maroc), Abdelmadjid Tebboune (Algérie) et Kaïs Saïed (Tunisie) ne feront pas le déplacement, ce dernier dépêchant toutefois son ministre des Affaires étrangères. Seule exception : le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, désormais un habitué de l’événement, prendra la parole le 25 septembre.
L’Assemblée générale de l’ONU est plus qu’une simple tribune. Pour les dirigeants africains, elle représente une vitrine internationale et un lieu stratégique pour négocier en coulisses : aides économiques, alliances sécuritaires ou soutiens politiques. Cette année, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, la crise à Gaza et la multiplication des foyers de tension en Afrique, les chefs d’État du continent chercheront à faire entendre leurs voix.
Paul Lamier Grandes Lignes












