La Zimbabwéenne Kirsty Coventry a marqué l’histoire en devenant la première femme et la première Africaine élue à la présidence du Comité international olympique (CIO). Son élection, qui s’est déroulée en Grèce, symbolise un tournant majeur pour l’institution sportive mondiale. Elle prendra la succession de l’Allemand Thomas Bach, à la tête du CIO depuis plusieurs années.
Une légende de la natation africaine
Référence incontournable de la natation africaine, Kirsty Coventry s’est forgé un palmarès exceptionnel au fil des compétitions internationales. Avec sept médailles olympiques, elle est l’athlète africaine la plus titrée de l’histoire de la natation. Spécialiste du dos et du quatre nages, elle a remporté deux titres olympiques sur 200 mètres dos à Athènes en 2004 et Pékin en 2008, accompagnés de quatre médailles d’argent et une de bronze.
Son influence dépasse largement les Jeux olympiques. Aux Championnats du monde, elle a décroché huit médailles, dont trois titres mondiaux (100 m dos et 200 m dos en 2005, 200 m dos en 2009). Sur le continent, elle a marqué les Jeux africains, cumulant 26 médailles, dont 15 en or, en quatre participations.
Son talent et sa domination se sont également traduits par deux records du monde, établis sur 100 m dos et 200 m dos. Figure emblématique du sport africain, Kirsty Coventry laisse derrière elle un héritage inégalé dans l’histoire de la natation.
Une figure influente du sport mondial
Après une brillante carrière dans les bassins, Kirsty Coventry s’est rapidement imposée dans les hautes sphères du sport international. Son engagement débute en 2013, lorsqu’elle rejoint le Comité national olympique du Zimbabwe, dont elle devient vice-présidente en 2017-2018. Son influence grandissante la conduit ensuite au Comité exécutif du CIO, qu’elle intègre en 2023, avant de briguer la présidence de l’organisation en 2024, avec le soutien affiché de Thomas Bach, son prédécesseur.
Au-delà du mouvement olympique, Kirsty Coventry s’est investie dans plusieurs grandes institutions sportives. Elle a siégé comme représentante des athlètes à l’Agence mondiale antidopage (AMA) de 2012 à 2021 et a été membre de son Comité des Athlètes entre 2014 et 2021. En parallèle, elle a intégré le Comité des Athlètes de la FINA (Fédération internationale de natation) en 2017 et a exercé la vice-présidence de la Fédération internationale de surf (ISA) dès 2016.
Depuis 2018, elle occupe également un rôle clé au sein de son pays, en tant que ministre de la Jeunesse, du Sport, des Arts et des Loisirs du Zimbabwe. Une trajectoire qui témoigne de son influence croissante dans la gouvernance du sport mondial.
Un symbole de renouveau pour le CIO et l’Afrique
Élue à la présidence du Comité international olympique (CIO), Kirsty Coventry a immédiatement mesuré la portée symbolique de son élection. “Je suis particulièrement fière d’être la première femme présidente du CIO, ainsi que la première originaire d’Afrique”, a-t-elle déclaré devant les membres de l’organisation. “J’espère que cette élection sera une source d’inspiration pour de nombreuses personnes. Aujourd’hui, un plafond de verre a été brisé et je suis pleinement consciente de mes responsabilités en tant que modèle.”
Seule femme parmi les sept candidats, Coventry a toutefois insisté sur l’importance de dépasser la question du genre dans cette élection. “J’espère que la question n’est pas seulement le genre du candidat”, a-t-elle confié à L’Équipe. Durant sa campagne, elle avait également souligné que son accession à la présidence pourrait marquer un tournant pour le sport africain. “Pour l’Afrique, cela ouvrirait de nombreuses opportunités pour d’autres fonctions dirigeantes et ce serait une façon de dire que l’Afrique est prête.”
Un parcours entre deux continents, une identité assumé
Originaire de Harare, au Zimbabwe, Kirsty Coventry a pris son envol en 2001 pour poursuivre sa carrière sportive et ses études aux États-Unis, un pays qui est rapidement devenu sa seconde maison. Cette double expérience, entre l’Afrique et l’Amérique, a façonné sa vision du monde et renforcé sa capacité à évoluer dans des environnements complexes. “Mon expérience en tant qu’athlète, ma capacité à naviguer dans des eaux politiques délicates au Zimbabwe, le fait que je vienne d’un pays de l’hémisphère sud, mais que j’aie étudié aux États-Unis et que j’y sois restée longtemps, m’ont permis d’avoir les deux points de vue”, confiait-elle.
Pourtant, son parcours n’a pas été exempt de controverses. Son long séjour aux États-Unis, combiné à sa carrière sous la présidence de Robert Mugabe (1987-2017), a parfois été utilisé pour remettre en question son lien avec son pays d’origine. Certains ont insinué que son identité de Zimbabwéenne blanche pouvait poser problème, notamment après sa première médaille olympique. “Un journaliste m’a demandé si le pays serait heureux qu’une blanche ait remporté la première médaille du Zimbabwe en 24 ans”, racontait-elle. Face à ces interrogations, elle a toujours tenu à réaffirmer son attachement à son pays : “Pour être honnête, j’ai été complètement interloquée, car je me considère comme Zimbabwéenne. Je suis née là-bas. Ma mère est née là-bas. Ma grand-mère est née là-bas.”