À l’occasion de la 14ᵉ édition du Forum annuel de l’investissement, qui s’est tenu du 7 au 9 avril à Abou Dhabi, la République du Congo et les Émirats arabes unis ont franchi un cap stratégique dans leurs relations bilatérales. Les deux pays ont signé un accord global de partenariat économique, marquant le début d’une coopération structurée et multisectorielle.
À partir du 15 août, le Dangote Group ne se contentera plus de raffiner du carburant. Il se positionnera également comme distributeur direct, en vendant essence et diesel aux stations-service, industriels et autres gros consommateurs. Une transformation majeure pour l’écosystème énergétique nigérian.
Un virage logistique inédit
Pour garantir cette indépendance, l’industriel a constitué une flotte impressionnante de 4 000 camions, tous alimentés au gaz naturel comprimé (GNC). Cette démarche permet non seulement de maîtriser les coûts de transport, mais aussi de limiter les externalités liées à l’usage de carburants fossiles traditionnels, à un moment où le Nigeria cherche à diversifier son mix énergétique.
Le déploiement de cette logistique s’appuiera sur un réseau de plus de 100 stations de ravitaillement en GNC, créant un système totalement autonome. Une infrastructure intégrée pensée pour contourner les transporteurs privés, accusés de faire grimper les coûts et de fragiliser la rentabilité.
Vers une redéfinition du marché
Ce contrôle total de la chaîne production, transport, vente vise à corriger un reproche persistant : l’incapacité de la raffinerie à faire baisser sensiblement le prix à la pompe. En supprimant les marges des intermédiaires, Dangote veut montrer qu’un modèle intégré peut réellement avoir un impact sur les prix pour les consommateurs finaux.
L’introduction d’un système de crédit pour les clients majeurs avec des facilités bancaires à partir de 500 000 litres – complète cette stratégie d’influence. Il s’agit là de fidéliser les partenaires industriels, transporteurs et opérateurs télécoms, qui représentent des volumes stratégiques dans la distribution nationale.
Un choc pour les acteurs traditionnels
Cette intégration verticale ne passe pas inaperçue. L’association des distributeurs indépendants (PETROAN) dénonce un mouvement hégémonique. “D’un seul coup, il essaie de nous éliminer”, a déclaré Billy Gillis Harry, son président. Pour ces distributeurs, l’arrivée de Dangote sur leur terrain représente une menace directe pour leur survie économique.
Mais pour l’industriel, il s’agit d’une réponse pragmatique aux limites d’un marché dominé par la fragmentation et les surcoûts logistiques. En fixant lui-même ses règles, Dangote crée une dynamique qui pousse à la modernisation du secteur et à la rationalisation des coûts.
Entre régulation et ambitions industrielles
L’enjeu dépasse le simple cas d’un conglomérat. Il interroge la capacité du régulateur nigérian à accompagner cette mutation sans freiner l’innovation ni étouffer la concurrence. La ligne d’équilibre entre soutien à l’industrie nationale et préservation du pluralisme économique sera déterminante dans les mois à venir.
Dans un contexte où le Nigeria peine à stabiliser les prix de l’énergie et à sécuriser ses approvisionnements, l’approche intégrée de Dangote pourrait faire école… ou susciter une recomposition brutale du paysage énergétique.
Adonis Kanga Grandes Lignes