Deux jours de sommet, deux jours d’impasse. Réunis à Copenhague, les dirigeants européens ont une nouvelle fois buté sur le veto du Premier ministre hongrois Viktor Orbán. En refusant d’avaliser la candidature de l’Ukraine à l’Union européenne et de valider un prêt colossal financé par les avoirs russes gelés, le dirigeant hongrois s’est placé au cœur des tensions, au grand désarroi de ses homologues.
L’adhésion de l’Ukraine à l’arrêt
L’élargissement de l’UE reste suspendu au bon vouloir de Budapest. Orbán a catégoriquement rejeté l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine, bloquant du même coup le processus pour la Moldavie. Une décision qui fait grincer des dents à Bruxelles, où la règle de l’unanimité continue de paralyser toute avancée.
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, hôte du sommet, n’a pas mâché ses mots : « Je ne permettrai pas à Viktor Orbán de décider de l’avenir de l’Europe ».
L’argent russe, nouvelle ligne de fracture
La controverse ne s’arrête pas là. Orbán a également opposé son veto à l’utilisation de 140 milliards d’euros issus des avoirs russes gelés pour financer l’effort de guerre ukrainien. Si la majorité des États membres soutiennent cette proposition, la Belgique, qui abrite Euroclear, craint d’être en première ligne face à d’éventuelles représailles du Kremlin. Bruxelles plaide pour une mutualisation des risques, mais Budapest rejette toute responsabilité : « Nous ne faisons pas partie de l’accord », a tranché Orbán.
L’exaspération européenne
Face à ces blocages répétés, les critiques fusent. Volodymyr Zelensky, présent à Copenhague, a accusé Orbán de faire de l’obstruction pour des raisons électorales internes, alors que le Premier ministre hongrois affrontera en 2026 son rival Péter Magyar, en pleine ascension dans les sondages.
« Ce n’est pas intelligent de bloquer une nation de 40 millions d’habitants pour des calculs électoraux », a déclaré Zelensky.
Une Europe sous pression
Alors que la Russie intensifie ses bombardements en Ukraine, les divisions au sein de l’Union européenne apparaissent au grand jour. L’absence d’unanimité fragilise l’élan stratégique de Bruxelles et complique l’adoption de futures sanctions, notamment le 19ᵉ paquet en préparation.
Pour Kyiv, le message est clair : son avenir européen reste l’otage des calculs d’un seul dirigeant. Pour l’Union, c’est l’unité même du projet européen qui se trouve mise à l’épreuve.
Paul Lamier Grandes Lignes (AFP)












