Le 22 mai dernier, ce qui devait être un moment symbolique de la modernisation navale nord-coréenne s’est transformé en embarras public. Lors de sa mise à l’eau, un destroyer de 5 000 tonnes s’est couché sur le flanc, en présence de Kim Jong-un. Un incident rare, immédiatement suivi de mesures disciplinaires d’ampleur.
Un lancement qui vire au fiasco
Le navire, tout juste achevé, devait incarner une nouvelle étape pour la marine de la Corée du Nord. Mais la cérémonie de mise à l’eau a été brutalement interrompue par un basculement du bâtiment sur son flanc droit. Bien que le fond du navire ne semble pas avoir été percé, des dégâts ont été relevés au niveau de la coque tribord, avec une infiltration d’eau via le canal de sauvetage.
Une enquête interne a depuis conclu que le navire pourrait être redressé et remis en état dans un délai d’environ dix jours. Toutefois, cette correction technique n’a pas atténué la colère de Kim Jong-un, qui a qualifié l’échec d’« acte criminel causé par une négligence absolue, une irresponsabilité et un empirisme non scientifique ».
Une série d’arrestations dans les hautes sphères
La réponse du régime ne s’est pas fait attendre. Ri Hyong-son, vice-directeur du département de l’industrie des munitions au sein du comité central du Parti des travailleurs, a été arrêté et a reconnu sa responsabilité dans la défaillance. Trois autres figures clés du chantier naval ont été placées en détention : l’ingénieur en chef, le chef de l’atelier de construction de la coque, ainsi qu’un directeur adjoint chargé des affaires administratives. Le directeur du chantier naval a quant à lui été convoqué pour être interrogé.
Ce type de sanction publique est rare en Corée du Nord, notamment dans le domaine militaire. Des analystes estiment que cela illustre la pression mise par le dirigeant nord-coréen sur la modernisation de sa flotte, dans un contexte de tensions régionales croissantes.
Des ambitions navales fragilisées
Ce destroyer était le second d’une nouvelle série de navires censés renforcer la posture navale nord-coréenne. Le premier avait été lancé sans incident quelques semaines plus tôt. Mais la volonté d’accélérer le calendrier de mise en service aurait pu conduire à des raccourcis sur les vérifications techniques, selon des sources proches du secteur militaire.
Pour Pyongyang, la modernisation de la marine s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des capacités militaires, comprenant notamment les missiles balistiques et les sous-marins. L’incident du 22 mai jette une ombre sur cette dynamique, mettant en lumière les limites opérationnelles de l’industrie de défense nord-coréenne.
Alors que les réparations sont en cours, le pouvoir mise sur une remise à flot rapide du navire pour tenter de minimiser l’impact de cet incident sur l’image de l’appareil militaire national.