Le Conseil constitutionnel a tranché : sur 60 prétendants, seuls 5 candidats seront en lice pour la présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire. Parmi les exclus, deux poids lourds de l’opposition Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam dont les radiations de la liste électorale viennent redessiner les contours d’un scrutin déjà sous tension.
Une élection sans les principaux opposants
La confirmation du rejet des candidatures de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam n’a surpris personne, mais elle a profondément marqué le climat politique. Le premier, ancien président, a été écarté en raison de sa condamnation judiciaire. Le second, ancien patron de Credit Suisse et figure du PDCI, a vu sa candidature rejetée pour des motifs de nationalité.
Cette double exclusion laisse la voie largement dégagée pour Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, qui brigue un quatrième mandat malgré les contestations sur la légalité de sa candidature.
Le Conseil constitutionnel assume son choix
« La qualité d’électeur est une condition d’éligibilité », a rappelé la présidente du Conseil constitutionnel, Chantal Nanaba Camara. Elle a également précisé que Laurent Gbagbo n’avait pas obtenu le nombre de parrainages valides exigés.
Côté opposition, le verdict est vécu comme une mise à l’écart programmée. Tidjane Thiam a dénoncé un « plébiscite organisé » au profit du président sortant, estimant que les Ivoiriens se voient privés d’élections véritablement ouvertes.
Un quatrième mandat controversé
La question du quatrième mandat d’Alassane Ouattara reste au cœur des crispations. Si la Constitution ivoirienne limite la présidence à deux mandats, le Conseil constitutionnel a considéré en 2020 que l’adoption de la nouvelle Constitution avait remis les compteurs à zéro. Cette interprétation, défendue par le camp présidentiel, est jugée inconstitutionnelle par une partie de l’opposition et nourrit la contestation.
Cinq candidatures retenues
Outre celle du chef de l’État sortant, la liste finale comprend :
- Jean-Louis Billon, ancien ministre et dissident du PDCI ;
- Ahoua Don Mello, ancien proche du PPA-CI de Laurent Gbagbo ;
- Simone Ehivet Gbagbo, ex-Première dame et figure politique à part entière ;
- Henriette Lagou, candidate indépendante déjà présente en 2015.
Un casting restreint, qui laisse craindre une campagne verrouillée où les équilibres démocratiques paraissent biaisés dès le départ.
En Côte d’Ivoire, la présidentielle s’annonce comme un duel déséquilibré : d’un côté un président sortant favori, de l’autre une opposition privée de ses deux figures majeures. Le pari du pouvoir est clair : verrouiller l’échéance. Mais à quel prix pour la stabilité politique ?
Paul Lamier Grandes Lignes