Washington, 2 mai 2025 La Maison Blanche a levé le voile sur les grandes lignes du projet de budget pour l’année 2026, marquant une inflexion radicale dans la politique internationale des États-Unis. Fidèle à sa ligne « America First », le président Donald Trump entame son second mandat en imposant des coupes sévères dans les dépenses non-militaires de l’État fédéral. L’Afrique, traditionnellement bénéficiaire de nombreux programmes américains d’aide au développement, n’est pas épargnée.
Un coup de hache dans les dépenses internationales
Le budget présenté prévoit une réduction de 22 % des dépenses civiles, soit 163 milliards de dollars, concentrant les coupes sur les programmes jugés non conformes à l’agenda conservateur de la nouvelle administration. Seules les enveloppes militaires et sécuritaires échappent à ce resserrement budgétaire.
Parmi les victimes de cette cure d’austérité : plusieurs institutions et initiatives majeures en Afrique, dont les financements risquent d’être lourdement réduits, voire supprimés.
La Banque africaine de développement en première ligne
Première cible : la Banque africaine de développement (BAD), et plus précisément son Fonds africain de développement, qui permet aux États les plus pauvres d’accéder à des prêts à conditions préférentielles. Washington annonce la suppression pure et simple de sa contribution, soit plus de 555 millions de dollars.
Selon les propos d’un porte-parole de la Maison Blanche, ce fonds « n’est pas aligné sur les priorités de l’administration », et son efficacité est remise en cause par les conseillers du président. Cette décision pourrait fragiliser des projets d’infrastructures et de développement à fort impact social dans plusieurs pays africains.
L’USAID et le FIDA également visés
Autre institution touchée : l’USAID (United States Agency for International Development), bras armé du soft power américain. Le projet de budget prévoit 2,5 milliards de dollars de coupes dans ses programmes, dont la fin des initiatives de planning familial en Afrique. L’administration Trump justifie cette décision par des considérations morales et idéologiques, rejetant toute forme de financement jugé « contraire aux valeurs américaines ».
Dans la même logique, le FIDA (Fonds international de développement agricole), qui lutte contre l’insécurité alimentaire en milieu rural, voit ses moyens réduits. L’exécutif américain invoque la nécessité d’éliminer le « gaspillage » dans l’aide étrangère et de réorienter les ressources vers les besoins domestiques.
Un seul rescapé : l’IDA
Par contraste, l’Association internationale de développement (IDA) filiale de la Banque mondiale dédiée aux pays à faibles revenus échappe à ces coupes. Elle bénéficiera d’une enveloppe préservée de 3,2 milliards de dollars, signe que certains leviers multilatéraux, perçus comme essentiels à la stabilité économique globale, restent tolérés par la nouvelle administration.
Une rupture avec l’approche multilatérale
Cette vague de coupes s’inscrit dans une rupture assumée avec l’approche multilatérale de l’ère Obama et même des premières années de Biden. En centrant les priorités sur la défense, la politique migratoire et les enjeux intérieurs, le président Trump réaffirme son rejet des engagements internationaux qu’il juge coûteux et inefficaces.
Pour l’Afrique, la réorientation américaine augure d’un recul de l’influence économique et diplomatique des États-Unis sur le continent. Elle pourrait également laisser le champ libre à d’autres acteurs, comme la Chine, les pays du Golfe ou la Russie, qui renforcent leurs investissements et leur présence stratégique dans plusieurs régions africaines.
Donis Kanga Grandes Lignes