Un nouveau rapport de la Société canadienne d’indemnisation en matière d’assurances (PACICC) révèle que 96 compagnies d’assurance et de réassurance africaines ont cessé leurs activités entre 2000 et 2024. Ce chiffre place l’Afrique parmi les régions les plus touchées par les défaillances d’assureurs à l’échelle mondiale, derrière l’Amérique du Nord et l’Europe.
Intitulée When, Where and How Often Insurers Fail : The Global Failed Insurer Catalogue 2025 Update, cette étude dresse un état des lieux global des défaillances d’assureurs à travers 71 pays. Sur les 965 cas recensés, 606 concernent des compagnies IARD (incendie, accidents et risques divers), 324 des assureurs vie, 22 des assureurs généralistes et 13 des réassureurs.
Dommages : le segment le plus vulnérable
En Afrique, ce sont les compagnies spécialisées dans les assurances dommages qui ont été les plus fragilisées. Sur les 96 faillites recensées sur le continent, 65 concernent le segment IARD, contre 22 pour l’assurance vie, 5 pour les assureurs dits « composites » (vie et IARD) et 4 pour les réassureurs.
Trois pays concentrent l’essentiel des cas : le Nigeria (34 faillites), le Zimbabwe (21) et le Kenya (5). D’autres pays comme l’Angola, l’Afrique du Sud et l’Ouganda enregistrent également cinq faillites chacun. À un degré moindre, le Ghana (4), la Zambie (3), le Botswana, le Cameroun, la Gambie (2 chacun), le Liberia, le Malawi et la Tanzanie (1 chacun) figurent aussi dans cette cartographie des défaillances.
Solvabilité et vulnérabilité climatique
Le rapport souligne que ces faillites ne sont pas le fruit du hasard, mais la conséquence de failles systémiques : mauvaise évaluation des risques, tarification inadaptée, sous-provisionnement des réserves, ou encore gouvernance déficiente. En toile de fond, PACICC identifie aussi un lien de plus en plus direct entre la multiplication des catastrophes naturelles et les difficultés de solvabilité des compagnies, notamment celles actives en IARD.
Cette évolution illustre les défis croissants auxquels sont confrontés les assureurs dans des régions de plus en plus exposées aux risques climatiques, sans pour autant disposer d’outils de couverture ou de régulation suffisamment robustes.
Un vide réglementaire dans les pays en développement
L’étude pointe enfin les inégalités mondiales en matière de protection des assurés. Alors que de nombreux pays industrialisés disposent de mécanismes de garantie en cas de faillite d’une compagnie, la majorité des pays africains restent sans filet de sécurité. Les assurés y sont donc particulièrement exposés, avec peu ou pas de recours en cas de défaillance de leur assureur.
Ce vide juridique soulève des questions de souveraineté financière et de résilience économique. Il met en lumière l’urgence de renforcer les cadres réglementaires, mais aussi d’accompagner les compagnies locales dans la mise à niveau de leur gestion des risques face à un environnement de plus en plus complexe.












