13 Août 2025, mer

De la BGFI à l’argentier : comment Henri-Claude Oyima rassure les investisseurs

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Le Gabon a pris une décision stratégique en nommant Henri-Claude Oyima, figure emblématique de la finance régionale, au poste de ministre de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations. Une nomination qui envoie un signal fort aux bailleurs de fonds internationaux et aux investisseurs, à un moment où le pays doit restaurer sa crédibilité financière.

Un banquier au cœur de la machine étatique

Henri-Claude Oyima n’est pas un inconnu dans le secteur financier africain. À la tête de BGFIBank, première banque du Gabon et leader régional au sein de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), il a su bâtir un empire bancaire qui s’étend bien au-delà des frontières gabonaises. Diplômé de l’Université de Washington, il est également président du conseil d’administration de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) et a longtemps été perçu comme l’un des acteurs les plus influents de la finance en Afrique centrale.

C’est ce profil de technocrate et de financier expérimenté qui a convaincu Brice Clotaire Oligui Nguema, le président gabonais, de le faire entrer au gouvernement. Un choix qui intervient dans un contexte de crise économique et de défiance des investisseurs. En janvier, la Banque mondiale avait suspendu ses décaissements en faveur du Gabon pour la deuxième fois en moins d’un an, en raison de 17 milliards de F CFA d’impayés. Par ailleurs, les trois sorties du pays sur les marchés internationaux en 2024, pour un montant cumulé de 1,12 milliard d’euros, n’ont permis de lever que 350 millions d’euros.

Une nomination qui rassure les bailleurs et les investisseurs

La nomination d’Oyima à ce poste clé vise à rassurer les partenaires financiers internationaux sur la solvabilité du Gabon. Sous sa direction, BGFIBank a su nouer de nombreux accords avec des bailleurs multilatéraux. En octobre dernier, la banque a négocié une ligne de garantie de 50 millions d’euros avec l’African Guarantee Fund, un dispositif destiné à sécuriser les crédits alloués aux petites et moyennes entreprises (PME) gabonaises.

« En tant que figure de proue de la finance en Afrique centrale, il devrait grandement faciliter la coopération avec le secteur », analyse un expert financier de la région Cemac. Son réseau de contacts et son expérience des négociations complexes devraient permettre au Gabon de restaurer la confiance des créanciers et de refinancer ses dettes dans de meilleures conditions.

La première illustration de cette confiance retrouvée a été l’« opération Mouele », finalisée à la fin du mois d’avril, sous la supervision d’Oyima. Le Gabon a alors réussi à mobiliser plus de 1 400 milliards de F CFA (2,4 milliards de dollars) tout en rééchelonnant de trois à six ans la maturité de 592 milliards de F CFA de dettes détenues par les principales banques de la Cemac.

Un homme de réseaux pour apaiser les craintes d’expropriation

La nomination d’Henri-Claude Oyima permet également au président Oligui Nguema de dissiper les craintes de nationalisation qui planent sur les investisseurs étrangers. En effet, Oyima est non seulement un expert de la finance, mais aussi un homme de réseaux. Proche de Pascaline Bongo, fille de l’ancien président Omar Bongo, il a navigué avec succès dans les arcanes du pouvoir gabonais depuis des décennies.

Cette proximité avec le pouvoir n’a pas entamé sa réputation auprès des investisseurs étrangers, qui le perçoivent comme un intermédiaire fiable. « Avec cette nomination, Brice Clotaire Oligui Nguema veut montrer que le Gabon ne va pas nationaliser à tout va », analyse un observateur international.

Il revient désormais à Oyima de mettre en œuvre la récente loi sur l’investissement adoptée en mars 2025, qui prévoit des avantages fiscaux et douaniers, un agrément unique et une gouvernance modernisée pour les investisseurs. Une tâche délicate dans un contexte de dette publique galopante. Le FMI table sur une dette publique supérieure à 80 % du PIB cette année, contre 63 % en 2022.

Les défis d’une transparence accrue pour BGFIBank

Mais cette nomination soulève aussi des questions sur l’avenir de BGFIBank. Henri-Claude Oyima avait annoncé en début d’année l’entrée en Bourse de la banque. Un processus qui implique une transparence accrue et pourrait mettre en lumière des liens entre la banque et les nouvelles autorités gabonaises.

Face à ces interrogations, BGFIBank s’est contentée d’un communiqué publié le 5 mai, dans lequel elle « se félicite de la nomination d’un dirigeant au parcours exemplaire » et assure que ses « activités demeurent sous la supervision du Président Directeur Général ».

Le défi pour Henri-Claude Oyima sera de concilier son nouveau rôle de ministre de l’Économie avec ses responsabilités passées et son influence sur le secteur bancaire gabonais. Les investisseurs, eux, espèrent que cette nomination permettra au Gabon de stabiliser sa situation économique et de rassurer les partenaires financiers internationaux.

Adonis Kanga Grandes Lignes

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