9 Août 2025, sam

DeepSeek et après ? L’intelligence artificielle chinoise entre en phase d’expansion

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Portée par le succès de DeepSeek, la Chine accélère le déploiement de l’IA dans l’économie réelle.

À Liangzhu, banlieue verdoyante de Hangzhou, les start-up d’intelligence artificielle fleurissent. Autrefois connue pour ses vestiges archéologiques remontant à 3300 av. J.-C., cette enclave est aujourd’hui le théâtre d’une nouvelle ambition chinoise : faire de l’IA une réalité concrète, au-delà des démonstrations technologiques.

Depuis que DeepSeek, une jeune pousse locale, a dévoilé un modèle open source performant à moindre coût, l’écosystème s’est électrisé. Fondée par un ancien étudiant de l’université du Zhejiang, l’entreprise incarne une dynamique nouvelle, axée non plus sur la seule recherche de pointe, mais sur des usages concrets. Cette stratégie pourrait permettre à la Chine de se positionner durablement face aux géants américains du secteur.

Les laboratoires chinois multiplient désormais les modèles performants. Pour les investisseurs, un cap est franchi : l’IA n’est plus une promesse, mais un outil à exploiter. « Quand l’eau commence à bouillir, tout le monde veut fabriquer une machine à vapeur », résume un investisseur basé à Liangzhu.

Parmi les pionniers, Sam Hu, ancien cadre de Tencent, développe aujourd’hui un agent conversationnel destiné à aider les cadres dans leurs prises de décision. Selon lui, les conditions actuelles permettent une innovation plus agile : « Le coût de l’essai-erreur a fortement baissé », explique-t-il.

Une industrie en pleine ébullition

Les projections sont vertigineuses. D’ici 2030, le marché chinois de l’IA pourrait atteindre 140 milliards de dollars, selon Morgan Stanley. Si l’on y ajoute les secteurs connexes (infrastructures, composants), le chiffre grimpe à 1 400 milliards. Les entreprises suivent : en moins d’un an, l’utilisation de l’IA générative en Chine est passée de 8 % à 43 %, d’après le cabinet Gartner.

Mais l’enjeu n’est plus de prouver que l’IA fonctionne. Il s’agit désormais de la rendre utile. L’engouement initial autour de DeepSeek s’est quelque peu apaisé, les limites de certains modèles générant encore des résultats incohérents. Néanmoins, cette avancée a permis un recentrage stratégique : stimuler l’adoption rapide dans l’administration, l’industrie, les services, et surtout, encourager l’expérimentation à grande échelle.

Le message est porté au sommet de l’État. Lors d’un événement public largement médiatisé, Xi Jinping a été filmé en train de serrer la main du fondateur de DeepSeek. Depuis, l’intelligence artificielle est entrée dans les foyers. Les chatbots se généralisent, même chez les plus âgés, et l’intérêt des familles est tel que certaines entreprises ont lancé des formations pour les enfants.

Un pari assumé sur l’expansion

L’adoption rapide devient une priorité. Pourtant, si 46 % des entreprises chinoises intègrent déjà des outils d’IA, seulement 9 % déclarent des effets tangibles sur leur productivité ou leurs résultats, selon Accenture. Les dirigeants du secteur tempèrent : le potentiel est là, mais il faut du temps.

Chez Yizhi Intelligence, qui développe des agents IA pour les centres d’appels ou les marques de beauté, la demande ne cesse de croître. Les clients acceptent même quelques erreurs, tant que l’outil reste utile.

Mais la montée en puissance se heurte à des obstacles. Les restrictions américaines sur les puces avancées, notamment les modèles de Nvidia, freinent l’entraînement des modèles chinois. Même si certains composants restent utilisables pour l’inférence, l’incertitude politique reste un facteur d’instabilité. Malgré cela, l’innovation ne s’arrête pas. Les leaders du secteur, comme MiniMax, annoncent une forte baisse du coût d’inférence des meilleurs modèles, rendue possible par la concurrence locale et l’optimisation technologique.

L’État à la manœuvre

L’appareil d’État ne se contente pas d’encourager : il investit massivement. À Hangzhou, la start-up Rokid a reçu l’équivalent de 420 000 dollars de subventions, versés en moins de dix minutes après le dépôt de sa demande. Partout dans le pays, les aides pleuvent : logements subventionnés, crédits pour serveurs, soutien à l’adaptation des modèles open source pour les entreprises.

En retour, l’État devient aussi utilisateur. Lunettes connectées pour les visites de musées, agents conversationnels pour l’interprétation des politiques publiques, assistants virtuels pour les enseignants… Les administrations locales cherchent à rationaliser leurs services. À Pékin, le district de Haidian expérimente l’IA dans l’éducation ; le Jiangxi l’intègre dans ses filières de céramique et de terres rares.

Cette frénésie a toutefois ses revers. Des analystes mettent en garde contre l’effet de bulle, notamment autour des robots humanoïdes, très en vogue dans les rapports officiels. Leur rentabilité reste à démontrer. D’autres voix alertent sur la précipitation dans des secteurs sensibles comme la santé. Des chercheurs de Tsinghua s’inquiètent de l’utilisation de DeepSeek dans plus de 300 hôpitaux sans garde-fous suffisants.

Le pouvoir central commence à réagir. Xi Jinping a récemment mis en garde contre un emballement généralisé, rappelant que toutes les provinces ne peuvent ni ne doivent investir dans les mêmes domaines technologiques. Mais pour l’instant, la dynamique est lancée. Et avec elle, le mastodonte chinois de l’intelligence artificielle continue d’avancer.

Paul Lamier Grandes Lignes

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