Coup porté au cœur de l’appareil militaire
La frappe israélienne de ce vendredi ne visait pas seulement des installations. Elle a ciblé et tué deux piliers du pouvoir sécuritaire iranien : le général Mohammed Bagheri, chef d’état-major, et le général Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution.
Ce double assassinat marque un tournant. Sauf à atteindre l’ayatollah Ali Khamenei lui-même, peu de cibles pouvaient représenter un impact aussi fort. Au-delà des frappes sur les sites nucléaires, c’est l’élimination de ces deux hommes qui ébranle le régime.
Un système fragilisé
Ces pertes ne sont pas que symboliques. Bagheri et Salami formaient l’ossature opérationnelle et idéologique du pouvoir militaire. Leur disparition pose la question de la stabilité au sommet et souligne une fois encore la capacité de pénétration du renseignement israélien en Iran. Un signal déjà donné lors de l’exécution d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran l’an dernier.
Mohammed Bagheri, stratège discret
Entré dans les Gardiens de la Révolution dès 1980, il gravit les échelons jusqu’à la tête de l’état-major général. Artisan de l’intervention iranienne en Syrie, gestionnaire des liens militaires avec Moscou pendant la guerre en Ukraine, il pilotait également le renseignement militaire.
Mais son rôle dépassait le champ militaire. Il servait aussi de pont diplomatique, comme en témoigne sa rencontre récente avec le ministre saoudien de la Défense, une première depuis vingt ans.
Hossein Salami, homme du système
Issu de la guerre Iran-Irak, formé dans les rangs des Gardiens, il dirigeait depuis 2019 cette organisation-clé du régime. Nommé par Khamenei, il était chargé de contourner les sanctions imposées après l’échec du traité JCPoA. À la tête d’un appareil mêlant armée, renseignement et économie parallèle, il coordonnait aussi les ingérences régionales : Liban, Yémen, Irak, Gaza.
Salami avait été le visage de la promesse de vengeance après l’assassinat de Qasem Soleimani en 2020. Une promesse restée sans suite.
Nouvelles nominations dans l’urgence
Dans la foulée, Khamenei a désigné Abdolrahim Mousavi pour remplacer Bagheri à la tête de l’état-major, et Mohammad Pakpour pour prendre le commandement des Gardiens. Deux choix qui visent à maintenir la continuité, mais dont la légitimité reste à construire.