À l’issue d’un tête-à-tête inédit au Palais de la Nation, jeudi 5 juin 2025, Martin Fayulu a surpris en appelant à la création d’un « camp de la Patrie », un front commun des forces politiques congolaises pour faire face à la crise sécuritaire qui ronge l’Est du pays. Une déclaration à forte portée symbolique, marquant un possible tournant dans la relation longtemps tendue entre l’opposant et le président Félix Tshisekedi.
« Le pays traverse une période très difficile. Nous sommes attaqués de partout, nous avons besoin de cohésion nationale », a déclaré Martin Fayulu devant la presse, à la sortie de sa rencontre avec le chef de l’État. Pour le président de l’ECIDE, seul un dialogue sincère peut permettre de construire une réponse nationale à la fois sécuritaire, sociale et politique. « Il n’y a pas 36 solutions », a-t-il insisté. « Nous devons créer un camp de la Patrie, un regroupement de ceux qui luttent pour leur pays. »
Longtemps dans une opposition frontale à Tshisekedi dont il n’a jamais reconnu la victoire à la présidentielle de 2018 Fayulu semble aujourd’hui faire le pari de l’unité, dans un contexte de tensions croissantes dans l’Est et de pressions populaires sur la classe politique. À l’écouter, c’est l’heure de mettre de côté les querelles : « Nous sommes Congolais et nous avons des frères et sœurs qui souffrent, des enfants qui dorment à la belle étoile, des familles dans la détresse… C’est de cela que nous avons parlé. »
Un dialogue soutenu par les Églises
Le leader d’opposition a également plaidé pour un rôle plus affirmé des autorités religieuses, encourageant le président Tshisekedi à dialoguer avec les évêques de la CENCO et les pasteurs de l’ECC. Il soutient leur proposition de pacte social pour la paix, saluant leur autorité morale et leur capacité à retisser un lien entre dirigeants politiques et citoyens.
« Il m’a compris », affirme Martin Fayulu, confiant dans la réceptivité du président à son message. Selon lui, une réponse rapide est attendue de la présidence.
S’agit-il d’un rapprochement conjoncturel ou du début d’une recomposition plus durable de la scène politique congolaise ? En appelant au rassemblement autour de la nation, Fayulu ouvre une porte inattendue.












