À l’approche du vote de confiance convoqué le 8 septembre par François Bayrou, Emmanuel Macron se retrouve face à un dilemme politique qui fragilise encore davantage son autorité. Officiellement, le chef de l’État continue d’afficher son soutien à son Premier ministre, tout en appelant les oppositions à la responsabilité. Mais dans les coulisses, l’hypothèse d’une motion de censure victorieuse oblige l’Élysée à envisager des scénarios qu’aucun président n’aime avoir sur sa table.
Trois issues, toutes coûteuses
Trois options se dessinent, et aucune n’apparaît enviable :
- Nommer un nouveau Premier ministre issu du centre ou d’une personnalité dite “technique”, mais dont le mandat risquerait d’être aussi bref que celui de ses prédécesseurs.
- Dissoudre l’Assemblée nationale et renvoyer les Français aux urnes, avec le risque de reproduire l’impasse née de la précédente dissolution en 2024.
- Démissionner une option théorique mais rejetée d’emblée par Emmanuel Macron.
La première piste est déjà à l’étude, avec une valse de noms circulant en coulisses. Mais accepter de devenir le quatrième chef de gouvernement en deux ans pour diriger un exécutif sans majorité n’attire pas les volontaires. Plus l’échéance de 2027 se rapproche, moins les personnalités politiques acceptent de s’exposer dans un contexte où elles préfèrent préparer leur propre avenir.
Une dissolution à haut risque
La dissolution, bien que possible, reste minée par le souvenir d’une précédente tentative qui s’était soldée par une perte de contrôle parlementaire. Les sondages montrent qu’un nouveau scrutin ne modifierait probablement pas l’équilibre des forces politiques. L’Assemblée nationale pourrait donc replonger dans la même paralysie, laissant le budget de l’État, impopulaire et déjà contesté, comme un champ de bataille permanent.
Macron, de l’audace au blocage
L’image d’Emmanuel Macron a changé. Longtemps perçu comme un stratège audacieux, le président apparaît désormais prisonnier de ses propres paris politiques. Son choix d’organiser des dissolutions successives, loin de le renforcer, a scié la branche sur laquelle il reposait. Aujourd’hui, il s’efforce de sauver du temps pour tenter de bâtir un héritage et de désigner un successeur crédible, mais son espace de manœuvre se rétrécit.
Une impasse institutionnelle
Qu’il s’agisse d’un changement de Premier ministre, d’une dissolution ou d’un passage en force sur le budget, aucune issue ne garantit une stabilisation politique durable. La France semble enfermée dans un cycle d’impasse institutionnelle où le pouvoir exécutif peine à gouverner et où la rue pourrait, à nouveau, devenir le prolongement des blocages parlementaires.
Emmanuel Macron reste maître du choix, mais il n’a plus la main sur les conséquences. Et dans cet entre-deux, il n’y a pas de sortie gagnante, seulement des options plus ou moins douloureuses.
Paul Lamier Grandes Lignes