La décision est aussi brutale que symbolique. Donald Trump a ordonné la révocation de la protection des services secrets accordée à Kamala Harris, ancienne vice-présidente, qui bénéficiait jusque-là d’une prolongation exceptionnelle décidée par Joe Biden. Ce geste, intervenant à quelques jours du lancement de la tournée de promotion de son livre, confirme la volonté de l’actuel président de marquer une rupture avec les usages établis, au prix d’une nouvelle polémique.
Une exception balayée
En temps normal, les anciens vice-présidents américains disposent d’une protection fédérale pour six mois après la fin de leur mandat. Cette durée limitée contraste avec celle, à vie, accordée aux anciens présidents. Joe Biden avait prolongé cette période d’un an pour Kamala Harris, en invoquant des raisons de sécurité restées confidentielles. Mais Donald Trump a choisi de mettre fin à ce dispositif, ordonnant aux services secrets de cesser toute mission au-delà de ce qu’impose la loi.
La fin d’une protection symbolique
La décision prend une dimension particulière dans un climat politique déjà chargé. Depuis janvier, Donald Trump a retiré les dispositifs de sécurité élargie accordés à plusieurs anciens responsables de son premier mandat, dont John Bolton et Mike Pompeo. En mars, il avait aussi mis fin à la protection assurée aux enfants de Joe Biden. La mesure visant Kamala Harris s’inscrit donc dans une logique plus large : reprendre le contrôle total des privilèges fédéraux et rappeler que l’ère Biden appartient désormais au passé.
Une ex-vice-présidente exposée
La décision intervient alors que Kamala Harris doit entreprendre une tournée médiatique pour promouvoir 107 Days, récit de sa brève campagne présidentielle face à Donald Trump. Ancienne procureure générale de Californie et figure de proue du Parti démocrate, elle reste une personnalité clivante, adulée par une partie de la gauche américaine et cible régulière des attaques républicaines. Son exposition publique sans protection fédérale suscite de vives inquiétudes, notamment en Californie où elle réside.
Des critiques unanimes dans son camp
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a dénoncé une décision « erratique et vindicative », tandis que la maire de Los Angeles, Karen Bass, a parlé d’« acte de vengeance politique » mettant en danger l’ancienne vice-présidente. Pour les démocrates, cette révocation n’est pas seulement un choix administratif : elle illustre la manière dont Trump instrumentalise la sécurité nationale pour régler ses comptes.
Entre vengeance et stratégie
En privant Kamala Harris de protection, Donald Trump envoie un signal clair : aucun de ses opposants ne bénéficie d’immunité. Mais l’acte est risqué. D’une part, il alimente la critique d’un président gouvernant par représailles. D’autre part, il fragilise l’image d’un État capable de protéger ses anciens dirigeants. Si la sécurité de Kamala Harris devait être compromise, cette décision pourrait se retourner contre lui.
Au-delà de l’aspect sécuritaire, l’affaire révèle la place que conserve Kamala Harris dans le débat public américain. Écartée de la course présidentielle, elle reste une figure influente, dont le livre pourrait relancer le débat sur sa carrière et son rôle sous Joe Biden. En lui retirant sa protection, Donald Trump cherche peut-être à réduire son aura. Mais il prend aussi le risque de l’élever au rang de victime d’un pouvoir arbitraire, offrant ainsi à ses partisans un nouvel argument pour dénoncer la brutalité de l’ère Trump.
Paul Lamier Grandes Lignes












