Washington s’enfonce dans une paralysie budgétaire au parfum de déjà-vu. Depuis minuit, les États-Unis vivent leur premier « shutdown » depuis sept ans, conséquence d’un blocage politique entre républicains et démocrates qui se renvoient la responsabilité de l’arrêt partiel des services fédéraux.

Une administration au ralenti

Près de 750.000 fonctionnaires sont mis au chômage technique, les parcs nationaux ferment, la Nasa suspend ses activités et même la sécurité aérienne inquiète : plus de 2.300 contrôleurs ont été forcés d’interrompre leur mission. Le syndicat NATCA met en garde contre un risque accru pour la sécurité du ciel américain.

Le duel politique

La Maison Blanche, par la voix de Donald Trump, accuse frontalement les démocrates d’avoir « fermé l’État ». Hakeem Jeffries, chef de file démocrate à la Chambre, dénonce au contraire « l’irresponsabilité » des républicains et leur volonté assumée d’imposer le blocage.

Derrière ce bras de fer : deux visions irréconciliables. Les républicains veulent prolonger le budget jusqu’à fin novembre, quand les démocrates exigent la restauration de financements sociaux, notamment pour l’assurance santé des plus modestes.

Trump entre pression et opportunisme

Le président américain souffle le chaud et le froid. Tout en disant vouloir éviter la paralysie, il affirme que « de bonnes choses peuvent sortir d’un shutdown », laissant entendre qu’il pourrait en profiter pour licencier massivement des fonctionnaires, dans la lignée du programme de rationalisation piloté par Elon Musk. La Maison Blanche a confirmé que des licenciements seraient « imminents » si la crise perdure.

Une issue incertaine

Le Sénat a déjà rejeté un texte républicain qui proposait une extension budgétaire temporaire. Avec les travaux suspendus jeudi pour Yom Kippour, aucune avancée n’est attendue avant la fin de la semaine. Le spectre d’un bras de fer prolongé inquiète : chaque semaine de paralysie coûterait 0,2 point de croissance au PIB, selon Nationwide. Wall Street, déjà fragilisée, a ouvert en baisse.

Un mauvais signal pour l’Amérique

Le dernier « shutdown » remonte au premier mandat de Trump, avec 35 jours d’impasse record. Aujourd’hui, à la veille d’élections de mi-mandat cruciales, la crise budgétaire renvoie une image de division et d’impuissance au cœur de la première puissance mondiale. Reste à savoir quel camp pliera le premier et combien de temps l’Amérique pourra supporter cette paralysie.

Paul Lamier Grandes Lignes (AFP)