4 Nov 2025, mar

Europe–États-Unis : un accord déséquilibré qui fragilise la compétitivité européenne

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Une démonstration de force commerciale venue de Washington

L’Union européenne pensait éviter le pire, elle n’a pourtant obtenu qu’un répit sous conditions. Fin juillet, à l’issue de négociations tendues avec l’administration Trump, les Vingt-Sept ont accepté l’imposition de droits de douane de 15 % sur la majorité de leurs exportations vers les États-Unis. Un taux certes inférieur aux 30 % initialement brandis par Washington, mais qui s’accompagne de contreparties lourdes : engagements massifs d’investissements européens sur le sol américain, achats accrus d’énergie et de matériel militaire en provenance des États-Unis.

En apparence, l’accord a permis de calmer les marchés financiers. Il offre un peu de visibilité aux industriels européens, tout en évitant un scénario de guerre commerciale ouverte. Mais derrière cette façade diplomatique, l’Europe encaisse un revers stratégique, qui confirme la faiblesse de sa position dans les négociations globales.

Une compétitivité fragilisée

Sur le plan économique, les conséquences sont immédiates. Pour les secteurs clés de l’exportation européenne – automobile allemande, aéronautique française, chimie, agroalimentaire la hausse soudaine des taxes douanières représente un choc. Cette pression tarifaire s’ajoute à l’appréciation de l’euro face au dollar (+13 % depuis le début de l’année), accentuant le désavantage compétitif des entreprises européennes.

Les estimations varient selon les scénarios, mais les effets de cet accord pourraient entraîner une contraction du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro de l’ordre de 0,4 % à 0,7 % dans les mois à venir. Pour un continent déjà en proie au ralentissement économique, cette perte d’élan pourrait peser durablement sur la reprise.

La dépendance sécuritaire, talon d’Achille européen

Ce déséquilibre s’explique aussi par une réalité géopolitique : la dépendance persistante de l’Union européenne à la protection militaire des États-Unis. Alors que Donald Trump a su transformer cette relation asymétrique en levier de négociation, les Européens n’ont pas su ou voulu mobiliser des contre-mesures à la hauteur des enjeux.

À Berlin, où l’industrie automobile est confrontée à une conjoncture difficile, le chancelier Friedrich Merz a privilégié l’apaisement. À Paris, Emmanuel Macron a plaidé pour une posture plus ferme et une autonomie stratégique accrue, mais sans soutien unanime au sein de l’Union. Résultat : pas de sanctions contre les géants du numérique américains, pas d’initiative coordonnée avec d’autres pays ciblés par Washington comme le Canada ou le Mexique, et aucun mécanisme crédible de rétorsion.

Face à une Europe divisée, l’administration Trump a déroulé une stratégie claire : imposer, faire plier, puis engranger des concessions.

Un accord aux contours flous

Sur le terrain, certaines entreprises européennes s’efforcent de contourner l’impact des droits de douane en augmentant leurs investissements aux États-Unis. Le luxe, l’agroalimentaire ou encore le secteur pharmaceutique misent sur une implantation locale renforcée pour échapper aux taxes. Plusieurs grands groupes ont déjà annoncé de nouvelles usines ou projets logistiques sur le sol américain.

Mais la liste des produits totalement ou partiellement exemptés de ces taxes reste floue. Son contenu, toujours en discussion, sera décisif pour les choix industriels à venir. De nombreux acteurs économiques attendent encore d’y voir plus clair avant de réagir.

Une Europe marginalisée sur la scène mondiale

Cette séquence met en lumière l’incapacité de l’Union européenne à faire front de manière unie face à une puissance commerciale agressive. Elle révèle également l’absence de vision stratégique commune pour défendre ses intérêts économiques dans un monde où les rapports de force se durcissent.

Ce n’est pas la première fois que l’Europe recule sous pression. Mais cette fois, les concessions faites ne s’accompagnent d’aucun gain structurant. Washington impose ses règles, et Bruxelles se contente d’amortir les chocs, sans plan de réponse coordonné, ni projet d’autonomie crédible.

Dans un monde de plus en plus polarisé entre Chine et États-Unis, l’Union européenne semble naviguer à vue. Et à défaut de s’affirmer comme puissance souveraine, elle risque de n’être perçue que comme un marché à conquérir.

Adonis Kanga Grandes Lignes

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