5 Nov 2025, mer

Face au retrait de Paris et d’Alger, le Maroc s’impose comme nouveau partenaire stratégique du Sahel

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En recevant à Rabat les chefs de la diplomatie des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), le roi Mohammed VI affirme une ambition claire : positionner le Maroc comme acteur incontournable dans une région en recomposition.

Avant ce geste politique fort, plusieurs signaux avaient déjà balisé le terrain : lancement de l’Initiative Atlantique, médiations discrètes dans des dossiers sensibles comme la libération d’otages au Burkina Faso, appels répétés à une solidarité Sud-Sud. Le 28 avril, en accueillant les ministres sahéliens des Affaires étrangères, le souverain marocain a donné une nouvelle intensité à cette diplomatie de proximité. Le message est limpide : Rabat revendique une place centrale dans le jeu sahélien.

Une stratégie méthodiquement déployée

Depuis 2022, dans un Sahel bouleversé par les coups d’État, les ruptures d’alliances et la marginalisation croissante des partenaires occidentaux, le Maroc avance ses pions avec prudence mais constance. Il mise sur le dialogue avec les régimes de transition, là où d’autres se crispent.

Le tournant remonte au 6 novembre 2023. Dans son traditionnel discours sur le Sahara, Mohammed VI dévoile l’Initiative Atlantique : une proposition d’ouverture maritime pour les pays sahéliens enclavés, via les ports marocains de Dakhla à Tanger Med. Un projet salué dans les capitales de l’AES Ouagadougou, Bamako, Niamey en quête de débouchés économiques et de reconnaissance diplomatique.

À Rabat, les chefs de la diplomatie sahélienne ont confirmé leur adhésion totale à l’initiative marocaine et leur volonté d’en accélérer la mise en œuvre. Ce projet s’inscrit dans un ensemble plus vaste, aux côtés du gazoduc Nigeria-Maroc, confirmant les ambitions panafricaines de Rabat.

Une diplomatie d’influence sans domination

Le royaume déploie une diplomatie de neutralité active. Il ne cherche pas la lumière mais agit en facilitateur. Rabat a notamment joué un rôle clé mais discret dans la libération d’agents de la DGSE au Burkina Faso en 2024, en activant ses réseaux sans bruit.

Cette approche tranche avec celle de puissances plus interventionnistes, comme la France ou la Russie. Elle contribue à forger une image singulière : celle d’un partenaire fiable, non-aligné, soucieux de coconstruction.

Alger en retrait, Rabat à l’offensive

Alors qu’Alger était longtemps perçu comme l’interlocuteur naturel du Sahel via le Cemoc ou la médiation de l’accord de paix de 2015 le Maroc redéfinit les lignes du jeu. Sa diplomatie s’exprime aussi dans les forums multilatéraux, où chaque virgule compte. Sur les résolutions onusiennes ou de l’Union africaine, Rabat impose peu à peu sa terminologie, plus inclusive, plus ouverte.

Les visites se multiplient : au-delà des ministères des Affaires étrangères, des responsables sahéliens de l’économie, de l’agriculture ou des infrastructures viennent à Rabat chercher partenariats, financements et expertises.

Un positionnement prudent mais stratégique

Le Maroc avance avec lucidité : les régimes sahéliens restent fragiles, les équilibres volatils. Rabat évite soigneusement toute implication militaire ou alignement idéologique, préférant incarner une alternative africaine crédible.

En s’affichant comme un « donneur de solutions » et non un « donneur d’ordres », Mohammed VI trace une voie singulière. Si ce pari de la neutralité constructive se confirme, le Maroc pourrait devenir un acteur central du dialogue interafricain de demain et une figure incontournable de l’avenir sahélien.

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