Le Sénat américain a bloqué, vendredi, une résolution portée par les démocrates visant à contraindre le président Donald Trump à obtenir l’aval du Congrès avant toute nouvelle opération militaire contre l’Iran. Ce texte, défendu par le sénateur Tim Kaine, a été rejeté par 53 voix contre 47, dans un vote majoritairement partisan.
La proposition s’appuyait sur le War Powers Act de 1973, une loi encadrant les prérogatives militaires du président. Elle faisait suite à une série de frappes menées par Trump contre trois installations nucléaires iraniennes, sans consultation préalable du Congrès. Tim Kaine avait toutefois précisé que le texte n’entraverait ni le soutien à Israël, ni les actions relevant de la légitime défense.
Mais pour les républicains, cette tentative revenait à affaiblir l’autorité présidentielle. « La guerre est un enjeu trop grave pour être laissé au bon vouloir d’un seul homme », a plaidé Kaine. Son collègue républicain John Barrasso a riposté, estimant qu’une telle résolution aurait entravé la capacité du chef de l’État à protéger les États-Unis.
Cette tentative avortée s’inscrit dans un débat récurrent sur le rôle du Congrès dans les décisions de guerre. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les présidents successifs se sont souvent appuyés sur des autorisations passées notamment celles votées après le 11 septembre 2001 ou en 2002 pour l’Irak pour mener des opérations militaires sans approbation formelle du Congrès.
Donald Trump a justifié ses frappes en invoquant son autorité constitutionnelle et le principe de l’autodéfense collective, notamment au nom de la protection d’Israël. Une stratégie juridique qui lui aurait permis, selon ses partisans, de contourner la résolution même si elle avait été adoptée.
La Chambre des représentants débat également de mesures similaires, portées par deux coalitions l’une démocrate, l’autre bipartisane. Mais aucune ne devrait être soumise au vote avant la mi-juillet, et les dirigeants républicains pourraient tenter d’en bloquer l’examen.
Un seul démocrate, le sénateur John Fetterman, a voté contre la résolution, estimant qu’il ne souhaitait pas restreindre un futur président, quelle que soit son appartenance politique. À l’inverse, Rand Paul, sénateur républicain du Kentucky, s’est rangé du côté des démocrates, citant James Madison pour rappeler que le pouvoir de faire la guerre relevait historiquement de la législature.
En dépit des précédents historiques et du soutien d’une partie de l’opinion publique, ce revers marque un nouvel échec pour ceux qui souhaitent redonner au Congrès un rôle central dans la conduite des guerres américaines.
Paul Lamier Grandes Lignes












