Le procès autour des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 a franchi un cap cette semaine. Après une première série de réquisitions, le Parquet national financier (PNF) a poursuivi, mercredi 26 mars, son offensive judiciaire contre l’ancien président de la République, mais aussi contre plusieurs de ses proches, parmi lesquels Claude Guéant, Eric Woerth et Brice Hortefeux.
« Un accord clair » selon le parquet
Dans un ton ferme, le procureur Quentin Dandoy a affirmé que Nicolas Sarkozy avait donné son accord direct et conscient pour chaque dépense liée à sa campagne, dont il avait d’ailleurs personnellement validé les comptes. Pour le PNF, il ne s’agissait pas simplement de négligence, mais d’un soutien explicite à un système illégal de financement.
Un pacte jugé « inouï » entre Kadhafi et Sarkozy
Dès l’ouverture des réquisitions, le parquet a dénoncé l’existence d’un « pacte de corruption » entre Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy, évoquant une entente aussi inconcevable qu’indécente, visant à alimenter la campagne de 2007 via des fonds libyens.
Des espèces, mais peu de preuves directes
Le procureur est longuement revenu sur les circulations d’argent liquide non comptabilisées dans les comptes de campagne, évaluées à plus de 450 000 euros. Bien qu’aucun système de fausses factures n’ait été formellement prouvé, il évoque un faisceau d’indices convergents, laissant penser que des fonds non déclarés ont bien servi à financer la campagne.
L’ombre de Ziad Takieddine et les valises d’argent
Le nom de Ziad Takieddine, l’intermédiaire franco-libanais jugé en son absence, revient avec insistance. Présenté comme « un agent de corruption », il aurait servi de relais pour acheminer les fonds libyens. Le parquet soutient que ces sommes en liquide auraient transité par Claude Guéant, via une chambre forte louée à proximité du QG de campagne, puis remises à Eric Woerth, alors trésorier de la campagne.
Des réquisitions lourdes pour Sarkozy et ses proches
Le PNF a donc demandé au tribunal de déclarer Nicolas Sarkozy coupable de financement illégal de campagne électorale, mais aussi de corruption, recel de détournement de fonds publics et association de malfaiteurs.
Claude Guéant, Eric Woerth et Brice Hortefeux sont également visés pour complicité. Le parquet accuse ce dernier d’avoir transmis les coordonnées d’un compte bancaire par lequel une partie des fonds aurait transité, en présence de Takieddine.
Une défense silencieuse mais tendue
Dans le box des prévenus, l’ancien chef de l’État prend des notes, échange quelques mots avec Eric Woerth, et laisse parfois transparaître son agacement. Il reste silencieux, mais ses réactions haussements de sourcils, soupirs trahissent son irritation.
Le verdict sur les peines requises à l’encontre de Nicolas Sarkozy et de ses anciens collaborateurs est attendu ce jeudi en fin de journée.