Décédé le 21 avril, François n’a pas seulement marqué le monde par ses voyages et ses prises de position inattendues. Philosophe et théologien de formation, il laisse derrière lui un impressionnant corpus de textes, où se conjuguent rigueur doctrinale, accessibilité du style et sens aigu des défis contemporains, dessinant les lignes de force d’un pontificat profondément réformateur.
Un style clair et accessible
Contrairement à son prédécesseur, Benoît XVI, souvent perçu comme un théologien pour théologiens, François a su toucher un public beaucoup plus large. Loin de toute technicité, il a utilisé un langage imagé, vivant, proche de la vie quotidienne, à l’image de ses célèbres métaphores : « des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques » ou encore « l’Église n’est pas une douane ».
Son style, marqué par la théologie du peuple née en Amérique latine, valorise la simplicité, l’écoute des humbles, et met en avant la mission avant la conservation.
Des textes majeurs à l’écho mondial
Laudato si’
: une encyclique pour la planète
Parmi ses textes les plus marquants, Laudato si’ (2015) a sans conteste eu l’impact le plus profond. Première encyclique entièrement consacrée à l’écologie, elle dénonce avec force les dérives d’un système économique fondé sur la recherche du profit immédiat. François y plaide pour une « écologie intégrale », liant sauvegarde de l’environnement, justice sociale et spiritualité. Son retentissement a dépassé le monde catholique pour influencer les débats politiques et environnementaux à l’échelle internationale.
Evangelii gaudium
: poser les bases d’une Église « en sortie »
Dès 2013, dans Evangelii gaudium, François fixait la feuille de route de son pontificat : sortir d’une Église centrée sur elle-même pour aller à la rencontre des périphéries existentielles. Cette exhortation apostolique appelait à une profonde conversion missionnaire et à une réforme des structures ecclésiales.
Fratelli tutti
: un manifeste pour la fraternité universelle
Face aux replis nationalistes, Fratelli tutti (2020) a défendu l’idée d’une citoyenneté ouverte et inclusive, rappelant l’importance d’accueillir l’étranger et de privilégier le dialogue interreligieux. Le document a renforcé la posture d’un pape soucieux d’unir au-delà des frontières confessionnelles ou géographiques.
Une parole forte contre les abus dans l’Église
Avec sa Lettre au peuple de Dieu (2018), François a brisé un tabou : il a reconnu et dénoncé publiquement la « culture de l’abus » et de la dissimulation au sein de l’Église. Un électrochoc, même si certains ont regretté le manque de mesures concrètes dans l’immédiat.
Une vision politique affirmée
Au fil des années, François n’a pas hésité à entrer dans les débats politiques. Son opposition ouverte à certaines politiques migratoires, notamment celles de l’administration Trump, s’est exprimée sans détour dans sa dernière Lettre aux évêques des États-Unis en février 2025. Il y dénonçait les « murs d’ignominie » et plaidait pour une politique d’accueil basée sur la dignité humaine, fidèle à son attachement constant aux plus fragiles.
Une œuvre inspirée par la littérature
Enfin, l’héritage intellectuel de François se distingue par sa profonde sensibilité littéraire. Dans Querida Amazonia (2020) et dans sa Lettre sur le rôle de la littérature dans la formation, il a fait une large place à la poésie et aux écrivains, affirmant que la lecture élargit notre humanité et nourrit la contemplation du monde.
Un dernier message : ouverture et audace
Avec Dilexit nos (2024) et la déclaration Fiducia supplicans sur la bénédiction des couples en situation irrégulière, François a continué de secouer les conservatismes au sein même de l’Église. Fidèle à son tempérament audacieux, il a proposé une Église moins jugeante et plus proche des réalités humaines.