La bande de Gaza est confrontée à un « risque critique de famine », avec 22 % de la population soit environ 470 000 personnes risquant de basculer dans une situation « catastrophique » d’ici septembre, selon un rapport publié lundi par le Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC). Ce document est le fruit de la collaboration entre des ONG, des institutions et des agences spécialisées de l’ONU.
Une insécurité alimentaire qui s’aggrave
Depuis le 1er avril jusqu’au 10 mai, l’IPC a classé 1,95 million de personnes (93 % de la population de Gaza) en situation de « crise » alimentaire (niveau 3) ou pire. Parmi elles, 925 000 personnes sont en situation d’« urgence » (niveau 4) et 244 000 vivent déjà une « catastrophe » (niveau 5).
Le rapport souligne une « détérioration significative » par rapport à l’analyse précédente publiée en octobre. L’augmentation de l’insécurité alimentaire est directement liée à la poursuite du blocus imposé par Israël, qui empêche l’entrée de l’aide humanitaire depuis le 2 mars, et aux opérations militaires qui se poursuivent dans le territoire.
Un effondrement agricole imminent
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a alerté sur un possible « effondrement total de l’agriculture » dans la bande de Gaza. Les fermes locales peinent à produire des denrées de base comme le lait, les œufs ou la viande en raison du manque de kits vétérinaires et d’aliments pour animaux.
« Face au risque imminent de famine, à l’effondrement de l’agriculture et à la menace d’épidémies meurtrières, il est urgent de rétablir l’accès humanitaire à Gaza et de lever les blocus », a déclaré la FAO.
Un blocus strict et des besoins ignorés
Depuis l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit actuel, Israël maintient un blocus total sur Gaza, bloquant toute entrée d’aide humanitaire. L’État hébreu affirme qu’il n’y a pas de crise humanitaire dans l’enclave, malgré les alertes répétées des organisations internationales.
Le 5 mai, Israël a annoncé un plan de « conquête » de Gaza, prévoyant un déplacement interne de la population. Une décision qui, selon les experts, pourrait encore aggraver la situation humanitaire.
Des familles privées de nourriture
« Des familles à Gaza ont faim alors que la nourriture attend à la frontière », a déploré Cindy McCain, directrice du Programme alimentaire mondial (PAM). Elle a appelé la communauté internationale à agir « de toute urgence » pour permettre à l’aide humanitaire d’entrer à Gaza.
Selon elle, attendre qu’une famine soit officiellement déclarée serait « trop tard » pour de nombreuses vies.