Israël a lancé une nouvelle phase de son opération militaire dans la bande de Gaza. Dimanche, l’armée israélienne a annoncé le début d’« opérations terrestres étendues » dans le nord et le sud de l’enclave palestinienne. Objectif affiché : accentuer la pression sur le Hamas pour obtenir la libération des otages et, à terme, anéantir la capacité militaire du mouvement islamiste.
Cette offensive coïncide avec un assouplissement partiel du blocus imposé à Gaza. Après onze semaines de fermeture totale des points d’entrée, Israël a accepté, sous la pression internationale, notamment celle du président Donald Trump, de laisser passer une quantité limitée d’aide humanitaire. Une mesure qualifiée de « nécessité opérationnelle » par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui précise qu’elle vise à faciliter l’avancée des troupes israéliennes sur le terrain.
Cependant, les modalités précises de cette reprise de l’aide restent floues, tout comme l’étendue géographique des opérations militaires. Cinq divisions de l’armée plusieurs dizaines de milliers d’hommes – seraient impliquées, mais leur avancée demeure progressive. Dimanche soir, elles n’avaient pas encore atteint le centre de Gaza City ou de Khan Younis, deux bastions du Hamas.
Dans les airs, les frappes israéliennes ont ciblé plus de 670 positions présentées comme des « infrastructures terroristes du Hamas ». Selon l’armée, des dizaines de membres du groupe auraient été tués, mais les autorités palestiniennes évoquent aussi de nombreuses victimes civiles. Le ministère de la Santé de Gaza recense plus de 53 000 morts depuis le début du conflit, sans distinction entre civils et combattants.

Cette escalade militaire intervient alors qu’Israël et le Hamas poursuivent des négociations indirectes à Doha. Si le gouvernement israélien se dit prêt à discuter d’un accord global, Netanyahu maintient ses exigences : libération de tous les otages, démilitarisation de Gaza et expulsion des dirigeants du Hamas. Des conditions que le mouvement islamiste refuse toujours.
Sur le terrain, la stratégie israélienne semble désormais axée sur une division géographique de Gaza en zones militaires, avec des appels à l’évacuation des civils selon les zones d’intervention. Cette approche vise à désorienter le Hamas tout en préservant l’effet de surprise.
Mais la population civile paie le prix fort. À Abasan, dans le sud de Gaza, les bombardements incessants poussent les habitants à craindre une nouvelle vague de déplacements vers les camps de fortune de la côte. « Tant de personnes sont mortes pour rien », confie une habitante, Suzanne Abu Daqqa, exprimant un sentiment de lassitude face à un conflit sans issue.
Alors que le bilan humain s’alourdit et que la famine menace, les négociations en cours n’ont toujours pas permis de trouver une solution durable. Le Hamas détient encore au moins 21 otages vivants, tandis que les restes de plus de 30 autres victimes n’ont pas été restitués.
Analystes et diplomates s’interrogent sur les véritables intentions de Benjamin Netanyahu : préparer une sortie politique du conflit ou simplement apaiser les critiques internes sur sa gestion de la crise ? Dans tous les cas, la dynamique militaire en cours pourrait bien forcer le Hamas à reconsidérer sa position, estiment certains experts israéliens.
Pour l’instant, la guerre de 19 mois continue de plonger Gaza dans l’horreur, et les espoirs d’un cessez-le-feu durable restent suspendus à des négociations fragiles, entretenant un équilibre précaire entre escalade et résolution.
Paul Lamier Grandes Lignes