Depuis plusieurs jours, les autorités guinéennes ont procédé au retrait de plus d’une centaine de permis miniers, incluant des droits d’exploration et d’exploitation. Aucune explication officielle détaillée n’a été fournie, mais cette vague d’annulations s’inscrit dans la continuité des réformes engagées depuis 2021, sous la présidence de Mamadi Doumbouya. Une démarche qui soulève autant de questions que de préoccupations dans les milieux économiques et juridiques.
Conakry n’a pas encore communiqué les critères précis ayant motivé ces retraits. Officiellement, les permis révoqués sont réintégrés au domaine public sans compensation. Mais des observateurs jugent l’opération plus complexe. Deux cas de figure émergent : pour les titres libres de tout litige, une réattribution est possible soit selon le principe du premier arrivé, premier servi, soit via un appel d’offres si la zone contient un gisement identifié.
En revanche, les permis liés à des différends pourraient geler toute redistribution. Les entreprises concernées peuvent déposer des recours auprès de l’administration ou entamer une action devant la justice guinéenne. Des options d’arbitrage international restent également ouvertes, notamment dans le cadre des accords bilatéraux de protection des investissements. Ce type de recours a récemment permis à des sociétés opérant en Tanzanie d’obtenir d’importantes compensations.
À ce stade, les autorités n’ont ni chiffré le nombre de titres concernés par une éventuelle mise en concurrence, ni fourni de calendrier. Ce vide alimente une forme d’insécurité juridique et pourrait refroidir certains investisseurs. D’autant que, malgré la volonté affichée d’assainir un cadastre encombré de permis dormants, le manque de transparence sur les critères de retrait est mal perçu.
Pourtant, la Guinée reste l’un des pays les plus riches en ressources minières de la région. Classée en 2020 par le Fraser Institute comme la juridiction à plus fort potentiel minier au monde, grâce à ses réserves d’or, de bauxite et de fer, elle attire les regards. Mais la stabilité du cadre réglementaire reste déterminante pour transformer cet atout en projets concrets. La suite dépendra donc de la manière dont l’État gérera la redistribution de ces permis et les éventuels différends juridiques qui en découleront.