Alors que l’administration Trump explore une nouvelle voie diplomatique pour freiner le programme nucléaire iranien, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu hausse le ton et remet sur la table la possibilité de frappes militaires contre les installations nucléaires de Téhéran. Une divergence stratégique majeure semble s’installer entre Washington et Tel-Aviv, au moment où les discussions sont à un stade critique.
À Washington, Donald Trump évoque depuis plusieurs jours la possibilité d’un « bon accord » avec Téhéran, qui pourrait déboucher sur une déclaration de principes dans un délai rapproché. L’idée serait de poser les bases d’un nouvel accord plus contraignant que celui de 2015, avec un volet potentiel de coopération régionale. Mais du côté israélien, cette approche suscite méfiance et frustration.
Selon des sources diplomatiques, le président Trump aurait averti Benjamin Netanyahu de suspendre toute attaque unilatérale contre l’Iran, jugeant que la conjoncture actuelle de faiblesse iranienne pouvait offrir un levier favorable à la négociation. En retour, le Premier ministre israélien martèle que cette fenêtre de vulnérabilité ne durera pas, et appelle à des frappes ciblées sans attendre l’issue des pourparlers.
Au cœur des discussions figure l’épineuse question de l’enrichissement de l’uranium. Washington insiste pour que l’Iran cesse toute activité sur son territoire, tandis que Téhéran refuse toute interdiction totale. Une solution transitoire est envisagée par les négociateurs américains, notamment via une coentreprise régionale de production de combustible nucléaire, impliquant d’autres pays du Golfe. Mais cette piste ne convainc ni les Israéliens ni certains élus américains.
La délégation israélienne, emmenée par Ron Dermer et David Barnea, a récemment rencontré les émissaires américains à Rome et Washington. L’objectif : s’assurer que les intérêts stratégiques d’Israël ne seront pas sacrifiés pour un accord jugé insuffisant.
Une menace de frappe toujours d’actualité
En parallèle, les services de renseignement américains ont détecté une intensification des préparatifs militaires israéliens. Selon plusieurs sources, une attaque pourrait être lancée dans un délai aussi court que sept heures, avec ou sans feu vert américain. Netanyahu aurait demandé la mise à jour de plusieurs plans opérationnels, allant d’interventions chirurgicales à des frappes plus étendues.
Israël ne cache pas sa volonté d’agir même en cas de succès partiel des négociations. Le Premier ministre estime qu’un accord intérimaire n’apporterait aucune garantie solide, surtout si l’Iran conserve ses capacités d’enrichissement. De son côté, Trump espère encore obtenir un texte qu’il pourra présenter comme un succès diplomatique à l’approche des échéances électorales.
À mesure que la date limite fixée par Washington approche, l’équilibre entre diplomatie et dissuasion devient plus fragile. Tout compromis devra permettre à Trump de justifier une désescalade face à ses soutiens au Congrès, tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires d’Israël.
Paul Lamier Grandes Lignes