Depuis le décès du pape François, un nom résonne avec insistance dans les couloirs du Vatican : celui du cardinal Jean-Marc Aveline. Ce prélat au parcours singulier, proche du défunt souverain pontife et fidèle à sa ligne réformatrice, s’impose comme l’un des successeurs potentiels les plus crédibles. Portrait d’un homme d’Église enraciné dans la Méditerranée, à la fois discret et influent.
Un proche du pape défunt
Jean-Marc Aveline était l’un des cardinaux les plus proches du pape François. Ce dernier l’avait élevé au rang de cardinal en 2022, reconnaissant en lui un allié fidèle de sa vision d’une Église ouverte, engagée et moins centrée sur l’Europe. Aveline partageait notamment son approche sur la question migratoire, prônant l’accueil et le dialogue, comme en témoignent ses interventions lors de la visite historique du pape à Marseille en septembre 2023.
Un parcours ancré à Marseille, mais remarqué à Rome
Né en 1958 à Sidi Bel Abbès, près d’Oran, en Algérie, au sein d’une famille de pieds-noirs, Jean-Marc Aveline a grandi dans les quartiers populaires de Marseille. Ordonné prêtre dans cette ville en 1984, il y a effectué toute sa carrière. Théologien reconnu, il dirige l’Institut catholique de la Méditerranée depuis 1995. C’est sous le pontificat de Benoît XVI qu’il est intégré au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux en 2008, avant d’être nommé archevêque de Marseille en 2019.
Une figure d’un catholicisme ouvert et dialoguant
Connu pour son attachement au dialogue interreligieux, Aveline est considéré comme le représentant d’un catholicisme inclusif et pastoral. Il est membre du dicastère pour les évêques – l’équivalent d’un ministère au Vatican – et du dicastère pour le dialogue interreligieux. Ces fonctions lui ont permis d’accéder au cœur de la gouvernance vaticane.
Président de la Conférence des évêques de France
Le 2 avril 2025, Jean-Marc Aveline a été élu président de la Conférence des évêques de France (CEF). Il prendra officiellement ses fonctions le 1er juillet. Ce choix symbolise la reconnaissance de son influence au sein de l’épiscopat français. En coulisses, beaucoup voient en lui l’héritier naturel de la vision de François, qu’il incarne avec nuance et discrétion.
Papabile ?
Son nom circule désormais parmi les “papabili”, ces cardinaux pressentis pour être élus pape. Il incarne une forme de continuité : celle d’un pontificat tourné vers la justice sociale, la réforme de l’institution et le dialogue interreligieux. Mais plusieurs éléments pourraient jouer en sa défaveur. Son âge d’abord – 66 ans – pourrait laisser présager un pontificat long, ce que certains cardinaux pourraient éviter. Autre point faible : il ne parle pas italien, une lacune pour diriger une institution où la langue de Dante reste prédominante.
Une stature intellectuelle reconnue
Décrit comme un homme d’“intelligence supérieure” par le maire de Marseille, Benoît Payan, le cardinal Aveline fait l’unanimité dans les milieux intellectuels et religieux progressistes. Son approche prudente sur les questions doctrinales sensibles (ordination des femmes, mariage des prêtres, place des personnes LGBT+) lui vaut cependant des critiques dans les rangs conservateurs.
Décrit comme un homme d’“intelligence supérieure” par le maire de Marseille, Benoît Payan, le cardinal Aveline fait l’unanimité dans les milieux intellectuels et religieux progressistes. Son approche prudente sur les questions doctrinales sensibles (ordination des femmes, mariage des prêtres, place des personnes LGBT+) lui vaut cependant des critiques dans les rangs conservateurs.
S’il reste encore trop tôt pour deviner la direction que prendra le conclave, Jean-Marc Aveline s’impose d’ores et déjà comme une figure centrale. Celle d’un cardinal fidèle à l’héritage de François, enraciné dans une Église de terrain, mais conscient des équilibres qu’exige une institution millénaire.