Le président rwandais Paul Kagame a vivement réagi lundi aux sanctions imposées récemment à Kigali, affirmant que les pays concernés pouvaient “aller au diable”. Cette déclaration a été faite lors d’une cérémonie d’ouverture des commémorations du génocide des Tutsi de 1994.
Cette sortie intervient quelques semaines après que plusieurs puissances occidentales ont adopté des mesures punitives contre le Rwanda, accusé d’un soutien militaire actif au groupe armé M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce mouvement rebelle a conquis Goma fin janvier, avant de s’emparer de Bukavu à la mi-février, étendant son emprise sur deux capitales provinciales majeures.
Malgré les appels répétés de la communauté internationale à un retrait du M23 et des quelque 4 000 soldats rwandais présents sur le terrain selon les experts des Nations unies, la situation reste inchangée. L’Union européenne a récemment sanctionné trois officiers de l’armée rwandaise, emboîtant le pas aux États-Unis, qui avaient visé en février un ministre du gouvernement de Kigali. Quatre figures majeures du M23, dont son chef politique Bertrand Bisimwa, font également l’objet de sanctions.
Sans nommer de pays, Paul Kagame a rejeté toute tentative d’ingérence :
“Si quelqu’un vient nous dire ‘Nous allons vous sanctionner’… Quoi ? Qu’ils aillent au diable. Vous avez vos propres problèmes à gérer. Occupez-vous-en, et laissez-moi m’occuper des miens.”
Outre les sanctions, plusieurs partenaires traditionnels du Rwanda, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Canada, ont suspendu une partie de leur aide et restreint l’exportation de matériel sensible à destination de Kigali.
Sur le terrain, le M23 a récemment pris le contrôle de la ville de Walikale, située plus à l’ouest que toutes ses précédentes positions depuis l’offensive de 2012. Toutefois, le groupe rebelle s’est ensuite retiré, un geste qualifié de « signe d’ouverture » par une source proche des pourparlers actuellement menés au Qatar.
Début mars, une rencontre à Doha entre une délégation congolaise et des représentants du M23 a été organisée à l’initiative du Qatar. Elle a été précédée d’un entretien entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, présenté comme une tentative de relance du dialogue. Si l’idée d’un cessez-le-feu a été évoquée, aucune avancée concrète n’a encore été enregistrée.