Alors que les frappes israéliennes frappent durement la capitale iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei se retranche dans un lieu sécurisé et organise minutieusement la continuité du pouvoir, redoutant à la fois l’infiltration ennemie et un élargissement du conflit.
Une guerre d’une intensité inédite depuis les années 1980
Depuis une semaine, l’Iran fait face à la plus violente offensive militaire subie depuis la guerre Iran-Irak. Les frappes israéliennes, déclenchées à la suite d’un nouvel accès de tensions au Moyen-Orient, ont dévasté plusieurs sites militaires, scientifiques et civils à Téhéran. Les dégâts surpassent, selon des responsables iraniens, ceux infligés par Saddam Hussein sur toute la durée du conflit de huit ans dans les années 1980.
Le régime semble avoir surmonté le choc initial. En réponse, des contre-attaques quotidiennes ont été lancées par l’Iran contre des cibles israéliennes, allant d’un hôpital à Haïfa à des infrastructures pétrolières et religieuses.
Le Guide suprême organise la survie de la République islamique
Conscient de la gravité de la situation, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, 86 ans, s’est réfugié dans un bunker sécurisé. Selon plusieurs sources proches du pouvoir, il a suspendu les communications électroniques pour éviter d’être localisé et ne transmet ses ordres qu’à travers un assistant de confiance.
Il a également procédé à une série de nominations stratégiques, désignant à la fois des remplaçants pour les postes militaires de haut rang au cas où de nouveaux commandants seraient éliminés et trois religieux de haut rang susceptibles de lui succéder s’il venait à être tué. Une instruction a été donnée à l’Assemblée des experts, l’organe constitutionnel chargé de nommer le guide suprême, de procéder sans délai au remplacement, si nécessaire.
Le risque d’assassinat et le spectre de l’ingérence américaine
Le régime se prépare à trois menaces majeures : une tentative d’assassinat contre Khamenei, une entrée directe des États-Unis dans le conflit, et de nouvelles frappes contre les infrastructures stratégiques de l’Iran. Les installations d’enrichissement d’uranium, notamment celle de Fordo enfouie dans la montagne, sont particulièrement visées par Israël.
Les autorités iraniennes affirment que seules les bombes de 13 tonnes des B-2 américains pourraient venir à bout de ces cibles ultra-protégées. Une implication américaine élargirait considérablement le conflit, avec des conséquences régionales majeures. L’Iran a prévenu qu’il riposterait à toute attaque américaine par des frappes contre les intérêts US au Moyen-Orient.

Une infiltration israélienne redoutée au sommet
L’un des points les plus sensibles reste la crainte d’une infiltration en profondeur des services de sécurité et de renseignement iraniens par des agents israéliens. Plusieurs assassinats de hauts commandants ont été opérés en quelques heures, provoquant un séisme au sein de l’appareil sécuritaire.
Mahdi Mohammadi, conseiller du président du Parlement, a reconnu publiquement une « violation massive de notre sécurité et de notre renseignement ». Les autorités admettent ne pas avoir identifié à temps les préparatifs logistiques ennemis missiles, pièces de drones introduits sur le territoire.

Un appareil d’État replié, un peuple mobilisé
Face à ce danger, le ministère du Renseignement a imposé des restrictions drastiques. Les communications électroniques ont été réduites au strict minimum, les responsables étant priés de rester dans des abris souterrains. L’Internet est quasiment coupé, les appels internationaux filtrés, et des patrouilles vérifient les identités à chaque point d’accès de Téhéran. La capitale s’est partiellement vidée après des ordres d’évacuation dans plusieurs quartiers densément peuplés.
En parallèle, un mouvement de solidarité nationale émerge. Des hôtels, maisons d’hôtes, et salles de réception ouvrent leurs portes aux déplacés. Des psychologues offrent des thérapies gratuites, des supermarchés proposent des réductions, et des boulangeries rationnent volontairement le pain pour assurer l’approvisionnement collectif. L’élan de patriotisme dépasse même les clivages habituels : militants des droits de l’homme, artistes et sportifs appellent à l’unité nationale.
Une succession encadrée, sans héritier dynastique
Fait marquant : Mojtaba Khamenei, fils du guide suprême et longtemps pressenti comme dauphin, ne figure pas parmi les trois successeurs potentiels. Les responsables iraniens ont confirmé ce choix, qui vise à éviter l’image d’une transmission dynastique du pouvoir. L’ancien président Ebrahim Raïssi, autre favori, est décédé dans un accident d’hélicoptère en 2024.
Le rôle du successeur sera déterminant : il devra, dans un climat de guerre ouverte, maintenir l’unité de l’État, assurer la continuité du régime théocratique, et résister aux pressions extérieures.
À l’heure où l’Iran se trouve engagé dans une guerre à deux fronts militaire et clandestin, le guide suprême s’efforce d’assurer la continuité du pouvoir et la préservation de l’État. Cette crise, sans précédent depuis la fondation de la République islamique en 1979, est aussi une épreuve de vérité pour un régime à bout de souffle, mais qui sait mobiliser son appareil sécuritaire, ses relais idéologiques, et désormais, un nationalisme ravivé face à l’ennemi extérieur.
Paul Lamier Grandes Lignes












